La Baronnie de Courmayeur
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La Baronnie et ses petites histoires
 
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Celui qui parle aux morts




Messages : 5
Date d'inscription : 17/05/2010

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MessageSujet: Retour au Zoo   Retour au Zoo Icon_minitimeMar 29 Juin - 20:01

Celui qui parle aux morts se tenait dans la chambre la plus sombre et la plus retirée de la demeure. Cette pièce, alourdie de toute sa gloire passée, semblait aujourd'hui une vieille femme : drapée dans ses souvenirs oubliés, elle n'était plus auréolée que de meubles rongés, de baldaquins branlants et de tentures déchirées.

Tournant le dos aux volets branlants, le duc regardait autour de lui avec un sourire las aux lèvres. Son visage trahissait les abimes qu'il avait vécu ces dernières semaines. Les yeux cernés, les mains tremblantes, un tic nerveux sous l'oeil droit rendait son visage méconnaissable.
Tandis que rien ne l'annonçait, son visage se crispa, la sueur perla sur son front et ses mains se refermèrent sur les bras du fauteuil. Lentement les veines de son cou, de ses bras se gonflèrent et ses yeux s'injectèrent de sang, puis la crise monta crescendo comme le cri déchirant des trompettes. L'air de la pièce s'alourdit tout à coup au rythmes de sa respiration et le brasier faiblit tandis que les ombres s'allongeaient et que les murmures venu de nulles part se faisaient entendre.

Son fidèle serviteur, Martin, regardait le spectacle désolant qui s'offrait à lui. Depuis son reveil, Celui qui parle aux morts n'était qu'une ombre diaphane et vaporeuse. Les crises loin de se calmer, le paralysait dans un épuisement continue. Enfermé tout autant que renfermé il ne supportait plus le soleil, blanchissait à vue d'oeil et ses tremblement ne cessait quasiment plus.
Pire que cette vie d'ombre rongeant son corps, l'homme ne supportait pas le moindre souffle sur sa peau. Ainsi la pièce non seulement avait son air vieillot mais sentait en plus la sueur rance d'habit sale, de mauvaise humeur et de renfermé.

Le jeune provençal regardait son maître dépérir depuis quelques jours sans savoir que faire. La baronne avait promis les soins d'une rebouteuse locale, mais il doutait de la chose. La maison bruissait des préparatifs de ses épousailles, puis de la noce. Elle semblait avoir finalement oublié son premier promis. Les heures était longues à Courmayeur loin des Hauts de Provence, loin de son monde, loin de la vie qui était la sienne. Bien souvent alors qu'il se promenait dans le village le jeune homme revait de Provence, de retour chez lui, puis le sens du devoir, l'envis de le voir debout, de revoir son sourire le retenait malgré tout.
Alors qu'Il faisait sa énième crise, Martin, lui fuyait l'oppressante chambre. Il vagabondait à travers champs, ne supportant plus de voir l'homme dépérir sans pouvoir faire quoi que se soit. Dans ces moments où le désespoir s'emparait du chevalier, bien souvent Martin frappait rageusement contre les cibles d'entrainements, s'épuisant à force d'exercicesz, de coup d'estoc, de taille, de coup de face et de coup de travers, reprenant aussi les bottes vu ou apprises.

Entre ses entrainements et ses nombreuses sortie, l'emploi du temps de celui-ci était bien remplit. Il faisait attention à ne jamais ce mélanger aux gens de la Mesnie, car il ne parlait pas ou peu le français et n'aimait pas les impériaux. Il gardait une rancune sincère contre les savoyards. Ainsi passait les jours en Courmayeur; se battre contre le mal du duc, se battre contre les mannequins, découvrir les terres de Courmayeur et fuir les gens de la Mesnie.

La journée était chaude, voir lourde, pourtant au vu de l'état de celui qui parle aux morts, Martin avait décidé de partir à l'assaut du monstre qui le hantait depuis leur arrivé. Au départ sa masse titanesque l'avait angoissé, il en cauchemardait la nuit. Puis c'était devenue une obsession constante, aller voir le mont, le gravir, le dominer, comme un combat, comme une épopée.
Parti sans rien, il va goutant la chaleur qui lui rappelait Castellane. Le paysage, il devait le reconnaitre, à regret, était superbe, la vie animale était exubérante sans être pour le moment, semble t'il, dangereuse. C'était donc, d'un pas légé, l'esprit vidé des craintes pour Eddo que Martin quittait Courmayeur.
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