La Baronnie de Courmayeur
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La Baronnie et ses petites histoires
 
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 Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.

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Lisyane
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Lisyane


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MessageSujet: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeVen 14 Mai - 15:07

Elle sourit malgré elle, malgré la fatigue et la faim, malgré ce corps amaigris qui l'a fait souffrir et qu'elle a de plus en plus de mal a supporter.
Elle sourit parce que demain elle sera chez elle, sur ses terres qui lui manquent et qu'elle a abandonné pour une guerre.

Elle se retourne vers Martin et lui montre le col du Petit Saint Bernard .

Regarde ce col, dès que nous l'aurons passé nous serons chez moy, chez nous si tu souhaite rester, demain nous serons a Prè-Saint-Didier et plus qu'a quelques lieux de ma mesnie, des miens et de mes murs.

Le Provençal esquisse un sourire triste et ses yeux plonge avec tendresse sur l'homme allongé.

Martin, on le soignera je te l'ai promis.

Depuis le départ de Castellane, Martin n'avait rien dit, a peine quelques mots.

Doucement elle s''approche de lui et lui pose la couverture sur les épaules pendant qu'il relève celle qui protège le corps de l'homme a l'âme meurtrie et à la mélancolie envahissante.

Il fait froid la nuit dans nos montagnes Martin.

Il se contente de hausser les épaules, résigné et ca lui fait mal.

Essaies de dormir demain le passage du col ne sera pas facile, nous laisserons la carriole en bas, et nous devrons le mettre sur sa monture, sinon nous passerons jamais de l'autre costé.
Il est encore solide....


* Je dis ca mais en suis-je vraiment certaine? *

C'est vrai qu'il fait froid, j'avais presque oublié...Elle aussi remonte sa couverture et s'assoie juste a costé du feu, elle titille les braises, et laisse son esprit et ses souvenirs vagabonder vers la Provence.
La respiration de Martin se fait plus longue, plus profonde, plus calme, pendant que lui s'agite et ne cesse sa litanie.

...mais si aujourd'hui ne m'apporte rien, que demain pourra t'il me donner? Mes amis, sans vous la vie est si fade, le soleil et si froid, le vent si rude, la poussière si présente. La rose ne sent plus rien, la nourriture est insipide, le monde est sans raison, sans but, la vie est inutile. Pourquoi m'avoir quitter, m'avoir fait gardien d'un temple mort? d'un souvenir sans personne pour venir s'en rappelez?...

Mesme dans son sommeil il n'a de cesse de répéter toujours et encore ces paroles que lui seul dans son monde comprend.
Les flammes qui crépitent illuminent son visage orné d'une larme qui roule doucement sur sa joue et son visage émacié, d'un geste lent et tremblant elle l'écarte.
Elle est las, épuisée et pourtant elle ne trouve pas le sommeil, parce que l'inquiétude est là.
Elle lève les yeux et regarde l'astre de la nuit.

Tu ne m'enverras pas un signe par hasard toi la haut?
Je suis certaine que tu es content de me voir dans une telle situation, je te vois rire et te gausser, comme tu savais si bien le faire.

...Silence...

J'ai tué...
Sais tu ce que j'ai ressenti lorsque ton épée a pris la vie du premier?
De la peur...
Sais tu ce que j'ai ressenti lorsque le deuxième est tombé?
De la fierté..


...Silence...

J'ai épargné le troisième.

...Soupire...

Tu sais ce que j'ai appris en Provence?
L'endroit ou j'éstais caché enfant, le Castel dans les alpilles, ca ne te dis rien?
Comment tu as pu passé a costé de ca?
Oui c'estait celui de St Georges, celui là mesme ou ton père a fait ses premières armes en chevalerie, avec Léonorio, Shera, et Eddo.
La Rose je vais lui faire avaler sa jambe de bois croy moy....


Dame Chevalier?

Lisyane se retourne, Martin a relevé la teste et la regarde bizarrement, elle se rend compte qu'elle parle a haute voix.

Rendort toi Martin, ca va, je règle juste mes comptes avec un mort...

Le regard de martin quitte la baronne pour se poser sur son Grand Maistre, puis croise a nouveau celui de Lisyane.

C'est contagieux?

Elle n'en a pas envie mais elle éclate de rire et fait non de la teste avant que le Provençal replonge sous sa couverture.

De sa main gauche, dont l'annulaire est nouvellement décoré, elle tripote nerveusement la pierre de Fernal et l'anneau de bohémienne seul vestige d'un passé qu'elle ne cesse de vouloir retrouver pour se construire, mesme s'il fait mal.
Shera avait reconnu l'anneau et lui avait révélé le prénom qu'elle ne mesttait plus sur le visage de l'enfant qui lui avait offert au départ de Provence lorsque Rose avait emmenée la petite fille qu'elle estait vers ses racines savoyarde.
Estait il en vie le fils de l'autre bohémienne de l'Ordre et du vicking?

*As tu gardé ces reflets roux dans tes cheveux et cette bouille avide de vie et d'aventures?*

Elle sourit et rassemble quelques souvenirs lointains, peut etre les seuls qui furent agréable, lorsqu'elle jouait avec lui pendant que Dame Gironde hurlait.
Elle baille...
Elle se blottie dans sa couverture, comme si elle estait dans les bras d'un homme, les bras de celui qu'elle a laissé en Provence.

Demain je serai chez moy....

...Silence...

Sa respiration se fait lente et elle rejoint les deux hommes au royaume du sommeil, pour les uns peuplé de cauchemars, pour elle d'espoir...

Demain est un autre jour....


Dernière édition par Lisyane le Ven 14 Mai - 21:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeVen 14 Mai - 17:35

La nuit porte conseil.

Elle est plongée dans les méandres des songes, elle s'en rend compte mais ne peu s'y extraire, elle sait que ce n'est que rêves et chimères, et pourtant elle tourne et se retourne.

*Non pas maintenant!*

Elle doit connaistre la suite, elle ne veut pas ouvrir les yeux, continuer, savoir, les voir encore, elle tend la main et veut attraper la sienne.

*Attend moy!*

Elle l'a regarde de ses grands yeux noirs, elle sourit et elle est belle, une impression de douceur, un nuage qui l'enveloppe, elle tient la main de sa fille.

Ais confiance ma Lisy des alpages....


Pourquoi tu m'as laissé ou es tu?


Elle sourit

Ma Lisy des alpages peut importe, la passé est de l'histoire, le futur une supposition, le présent la réalité.
Trace ton chemin, ne te retourne plus...
Soit heureuse, nos vies seront liées a jamais, il te manque les souvenirs, et qu'importe, tu portes en toi ce que tu as vécu mesme si c'est oublié.


Elle se retourne et s'en va.

Reste, ne parts pas...

Ma Lisy des alpages, oublies ta haine et ta peine, rends l'épée a Shera, pour son fils, ne lui prends pas son passé comme on t'a pris le tiens...
Shera est bonne mesme si elle veut faire croire le contraire, son passé la torture comme le tiens te mine... Aides la.


Jamaissssssss

Elle est secouée de tremblement et vois la Chevalière partir elle veut la retenir mais inexorablement les secousses la sortent de son rêve.

*Non pas encore, encore un peu...*

Dame Chevalier... qu'y a t'il?
Dame réveillez vous.


Martin?

Elle ouvre les yeux , elle a du mal, ils sont collés, et se paupières sont lourdes, elle veut replonger mais ne le peut plus.
De ses poings elle frotte encore et encore son visage est trempé et c'est désagréable.
D'un coup elle se lève.

Nous devons partir.

Mais Dame Chevalier...

Lisyane n'escoute pas, elle a déjà plié sa couverture, elle envoie rageusement un coup de pied dans les braises qui se meurent.
Martin la regarde du coin de l'œil, elle sent qu'il est perdu et elle s'en veut, il souffre et elle en rajoute, elle agit avec lui ce matin comme elle a agit avec Fantinne.
Elle s'arrête et le rejoint.

Martin...
On va mestre son armure sur la monture d'attelage, il vaut mieux le mettre sur la sienne...
Je suis désolée Martin...Pour toute a l'heure.


L'aube se lève a peine sur le Saint Bernard et doucement envoie une lumière irréelle sur la cime, tout est calme, quelques marmottes dérangées par l'agitation se montrent et déguerpissent aussitôt dans les terriers.
Oui c'est certain elle est chez elle!
Ils sont prêts, et taclent les montures, Lisyane ouvre la marche et tient les rennes de la monture qui ne peux être guidée par son cavalier.
Martin ferme la marche et tient les rennes de la monture d'attelage qui porte l'armure rouillée.

Dame Chevalier, vous pensez que...

Elle comprend la question, et les doutes, elle comprend en plongeant son regard dans celui du dévoué a son Grand Maistre ce qui l'inquiète.

Je te l'ai dis hier, il est solide.

Pourtant elle le regarde, les yeux grands ouverts qui pleurent en silence, courbé sur l'encolure du cheval sans réaction aucune, sa mèche rebelle sur le front, l'ébène de ses cheveux devenu presque aussi blanc que les névés.
Elle a le cœur qui se sert.

Du haut de ses dix huit printemps a peine moins que Martin, elle a l'impression d'avoir vieillie d'une décennie, en Provence.

Ils cheminent lentement tout les trois secoués par les rugosités du chemin du col.
Balancé de sénestre a dextre, chacun essayant de deviner les pensées de l'autre, avec pudeur.

Doucement elle fredonne un air qui lui passe par la teste, une mélodie douce mais joyeuse.
La ritournelle se fait plus précise au fur et a mesure qu'elle l'a chante jusqu'à ce moment ou Martin y pose des paroles naturellement.
Des paroles qui ne lui sont pas inconnues et qui font écho a sa mémoire, elle ne interrompe pas, surtout pas, bien que des frissons parcours la surface de sa peau et remonte le long de son dos.

Quand dans l'azur monte le clair soleil
Tout est joyeux sous le ciel de Provence
Quand dans l'azur monte le clair soleil
De la gaieté, c'est le réveil
Dans les vergers faisant des rondes folles
Les oiseaux chantent leurs refrains
Et pour guider la vive farandole
Vibrent d'accord fifres et tambourins
De la cigale, la note égale
Rythme gaiement la danse provençale
De la cigale, l'aigre chanson
Mets des bruits d'or dans l'or de la moisson.


Puis la baronne s'arrête de fredonné, et tire sur les rennes pour faire halte.

Pré-Saint-Didier estait en vue, enfin...

La baronne saute de sa monture, oublié un instant la fatigue et les meurtrissures, elle déroule se couleurs.
Le tissus est sale, effiloché, a perdu de sa superbe, ternit par les horreurs de la Provence mais se sont les siennes, celles de cette terre qu'elle vénère, et elle ouvre le convois avec honneur, elle se redresse et elle est fière.
Fière de ceux qui restent, malgré la faim, la peine, la tristesse et la disette, malgré les jours sombres, malgré la mort et la privation.

Lorsque le convoie pénètre dans le village bien pauvre en habitants, et que la première voix s'élève.

La baronne est de retour, la baronne est de retour....


Dernière édition par Lisyane le Lun 17 Mai - 1:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeSam 15 Mai - 7:37

Fût-ce une intuition? Une coïncidence? Une chance inespérée? Ou un fait issu d'une logique rigoureuse?
Peu importe, que tous l'emportent.
En provenance d'un désir, d'une sourde émotion mariée au manque et accompagnée de moults autres mots d'âme, il était.
Arrivé à Près-Saint-Didier le matin même.
Il avait confié son destrier à un brave habitant pour quelque écu, en échange d'un coin de verdure discrètement choisi à l'abri des regards.
Pauvrement vêtu, le gaillard remua un peu sous le porche où il se blottissait.
Il se cala un peu plus dans l'ombre, renfonçant son chapeau sur son visage, dès qu'il l'entendit.


La baronne est de retour, la baronne est de retour....

Il n'en fallut pas plus au Géant pour l'entrapercevoir.
Partie en Provence avant lui, son retour avait suivi le sien.
Elle semble fatiguée et lasse de corps mais malgré tout, son esprit se voit fort et fier , quoique changé par l'expérience provençale.
Ne sachant quelle attitude adopter, il s'enfonce un peu plus dans sa mince cachette.
Leur échange de lettres l'a bouleversé.
Un Amour se consume en son cœur, une passion inextinguible liée à la vie elle-même.
Pourtant, elle eut affirmé plus tôt que passion s'était mû en affection.
Qu'en était-il vraiment?
Quelles couleurs arboraient vraiment cette affection?
Quelles règles régissaient cette émotion de sens large?
Où s'affirmaient les limites de sa réciprocité?

Le belleysan détailla vaguement le petit groupe, les distingue mal.
Son regard se porte dans une naturelle nécessité sur elle.
L'Armée, le Parti, rien ne l'a arraché aux pensées nourries pour elle.
Maintenant qu'il la voit, qu'il voudrait se faire voir d'elle.
Dépose main sur le pommeau de sa bâtarde, se recroqueville contre la porte qui caresse son dos puissant.
Joie infinie et doute, il n'y a plus qu'à la regarder passer, et se nourrir d'ombre et de confusion, voie plus facilement ouverte que celle dictée par d'autres sentiments, plus puissants, plus beaux..
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Rollin

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeLun 17 Mai - 15:37

Courmayeur, rez de la maison de la Régente - Intérieur – Au point du jour:

*Agenouillé près des braises rougeoyantes, Rollin, courbé jusqu'à sentir sur sa face burinée la chaleur diffuse des brandons qu'il s'évertuait à ranimer de son souffle puissant et régulier, s'appliquait à préparer le feu. La neige avait reflué le long des pentes abruptes et libéré la plaine, mais le fond de l'air de la vallée restait encore frais... et la bise qui descendait du Levant depuis quelques jours était particulièrement piquante.*

*Hormis le compagnon d'Yzalba, tous les membres de la maisonnée profitaient des derniers instants de sommeil avant que, tirés de la chaleur douillette de leur couche, ils ne doivent répondre au chant triomphant du coq. Le visage cuit par les flammes naissantes et l'effort, Rollin se redressa et, dans le craquement sinistre de ses épaules ankylosées, s'étira en silence...*

*Le Liégeois versa une rasade de rouge capiteux dans son gobelet de terre noire qu'il vida d'une traite puis, tout à son enchaînement des gestes du quotidien, il mit de l'eau à chauffer dans la grande marmite qui pendait à la crémaillère de l'âtre. Le reste attendrait le lever de Marinette...*



Courmayeur, seuil de la maison de la Régente – Extérieur – Au premier coup de Tierce:

Colinet, où diable as-tu fourré ma besace?

*Quelque peu excédé, Rollin, chaudement vêtu, rebroussa chemin et revint dans l'étroit couloir de leur demeure. Par l'entrebâillement de l'huis qui donnait sur salle commune, le Liégeois entraperçut la silhouette d'Yzalba qui, ventre rebondi et échine creusée, dandinait péniblement au travers de la pièce. Le temps d'un battement de cœur, leurs regards se croisèrent, faisant naître sur leur visage un sourire de tendresse partagée. La jeune femme venait de froncer les sourcils... et Rollin de comprendre par-là le:
"sois moins brusque avec lui, mon amour, ce n'est qu'un enfant…" que la jeune femme lui adressait silencieusement au-travers des reflets d'argent étincelant de ses yeux gris.*

*Empoignant son lourd bourdon ferré, celui qui fidèlement l'avait suivi depuis sa lointaine Principauté natale et qui avait causé la déroute de nombre d'importuns depuis lors, Rollin adressa un clin d'œil complice et un "je t'aime" murmuré à sa bienaimée puis ressortit prestement.*

*Le jour était levé et Tierce sonnait déjà au vieux clocher de Saint-Pantaléon, là-bas sur la place du Bourg. Le compagnon de la Régente, toujours dans l'attente d'une réponse du petit garçon, vérifiait pour la dixième fois les sangles de sa monture… Le bel étalon noir rouanné piaffait d'impatience, la longue attente de l'hiver devait lui peser également et sans doute avait-il, comme son cavalier attitré, des fourmis dans les jambes. Agitant la tête de dextre et de senestre, il s'ébroua et fit danser sa crinière plus noire que houille.*

*Enfin, Colinet parut... Le visage, d'ordinaire pâle, brûlant sous l'incendie de ses joues rouges comme des pommes d'août, le petit garçon dont les cheveux noir de jais récemment coupés à l'écuelle encadraient sa face mutine et faisaient encore ressortir l'embarras dans lequel il se trouvait… dans ses mains, où se lisaient encore les traces des écorchures gagnées dans sa vie d'aventure, il serrait religieusement la besace de toile bise de Rollin… l'homme qui l'avait sauvé d'une mort certaine un matin au détour des allées du Jardin du Verney à Chambéry.*

*Rollin, sensible aux arguments silencieux d'Yzalba n'ajouta pas un mot.*


Dernière édition par Rollin le Mar 18 Mai - 10:23, édité 2 fois
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Colinet

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeLun 17 Mai - 15:50

Agité comme un insecte énervé, le petit garçon fouillait désespérément le coffre où il savait avoir rangé la besace dont Rollin ne se départissait pour ainsi dire jamais.

Allons, mon vieux, trouve cette foutue besace, sans quoi Rollin rechignera à t'accorder encore sa confiance. Ah!... Ouais!

Dans un cri étouffé de triomphe, le vaurien des Chavonnettes avait enfin mis la main sur la modeste escarcelle de toile bise. Détalant comme un lièvre, il dévala les escaliers quatre à quatre et se précipita au travers du couloir. Modérant subitement son allure, il sortit en faignant la nonchalance qui sied aux pages de rang.

Je… J'suis désolé, j'la pensais mieux rangée que ça...

Un sourire timide aux lèvres et un air angélique accroché à la face, l'enfançon tendit la besace à Rollin. Les yeux bleus grands ouverts, le petit garçon allait ajouter un mot lorsque des pas précipités retentirent sur le chemin. Une sabotée énergique qui disait l'extrême urgence de la mission qu'avait à remplir celui qui courait comme un fol en direction de la maison de la Régente.


Citation :
Dame Régente, Dame Régente!... La Baronne!

Un jeune vacher d'à peine plus de quinze ans déboula de derrière le vieux prunelier à l'angle du chemin et pila net devant Rollin. Courbé en deux, le visage rouge comme une crête de coq, il tentait de retrouver son souffle. Au travers de sa respiration saccadée, il essaya d'articuler péniblement quelques mots:


Citation :
Faut qu'j'voie M'dame la Régente… La Baronne… C'est la Baronne…

Colinet glissa un regard en coin à Rollin: L'homme avait soudain l'air préoccupé. Sur le seuil, Yzalba, Régente des terres de Courmayeur, parut, les mains croisées sur l'arrondi de son ventre, un air soucieux sur le visage.


Citation :
Allons, du calme, jeune homme. Prends ton temps… explique-toi calmement.

Le jeune vacher, une main enfoncée dans son flanc pour essayer de calmer la douleur du point de côté qui le torturait tenta de rassembler ses esprits:


Citation :
C'est la Baronne, M'dame! Elle est rev'nue au pays… Elle est sortie d'on n'sait où ce matin, l'étendard à la main et juchée sur son grand frison… Y a deux hommes avec elle… et l'un d'eux a l'air mal en point!

Yzalba, levant les yeux au ciel, soupira de soulagement et porta la dextre à sa poitrine en souriant.

Citation :
Le Très-Haut soit loué! Lisyane est revenue en vie!

Colinet, un peu dépassé par les événements, ne savait que penser. Soudain surexcité à l'idée de voir enfin la Dame de céans, ses yeux écarquillés passaient sans cesse d'Yzalba à Rollin…
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Rollin

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeLun 17 Mai - 18:35

Courmayeur, seuil de la maison de la Régente – Extérieur – Au premier coup de Tierce:

*Le compagnon de la Régente avait à peine empoigné sa besace qu'un bruit de course éperdue retentit entre les façades des quelques bâtiments de pierre qui longeaient le chemin d'Aoste, le chemin qui passait devant la maison de Rollin et des siens et menait directement à la demeure de la Dame des Sainctes-Eaux... Des cris alarmés retentissaient et sautaient par delà les obstacles; c'était la voix claire et perçante d'un jeune garçon que Rollin ne connaissait pas… Les mains rivées aux arçons de sa selle, le liégeois écouta l'adolescent débiter son discours haché et haletant: Vivante! Lisyane était vivante.*

*L'ombre de l'angoisse quitta les traits de Rollin... Adressant un sourire à sa bienaimée, le chambérien leva ses yeux couleur de nuit vers le gris aveuglant du firmament.*

Alors nous devons faire vite… Garçon, où se trouve la Baronne, dis-nous?

*Le jeune vacher sursauta. Ignorant des manières de l'homme qui se trouvait devant lui, la voix profonde et vibrante de Rollin l'avait surpris, comme le claquement soudain du tonnerre.*


Citation :
Euh… Ben là-bas sur les hauts de Pré-Saint-Didier, Messire…

*Ce fut au tour du Liégeois de sursauter:*

Pré-Saint-Didier?... Quelle idée! Il est pourtant des chemins plus aisés qui mènent ici…

*Coupant court à sa propre remarque, Rollin se tourna vers Yzalba.*

Tu ne peux chevaucher dans ton état, ma Mie... J'irai donc rendre tes hommages et accueillir comme il se doit la Baronne… Il faut prévenir Cousteron et Glossina… et les gens de la demeure...

*Faisant volte-face avec une rapidité étonnante, le compagnon de la Régente revint au vacher. Lui glissant quelques écus au creux de la main, il lui donna des instructions précises.*

Jeune homme, prends ceci pour ta peine… Je te prie de continuer ta course jusqu'à la demeure de la Baronne et d'y annoncer la nouvelle. Josette et Mathilde sauront quoi faire. On t'y donnera à boire et à manger et tu pourras t'y reposer un peu. Dis-leur qu'il faut prévenir le Sieur Cousteron et Dame Glossina. Que l'on renforce la garde à la porte et que l'on prépare la chambre de la Baronne et une pour ses invités.

*Rollin regarda l'adolescent comme s'il lui donnait des ordres de bataille.*

Me suis-je bien fait comprendre?


Citation :
Oui, Messire…

Bien… parfait!

*sans plus attendre, Rollin mit le pied à l'étrier et se hissa sur le dos de son palefroi.*

Ma Mie, fais bien attention à toi… Demande à Marinette de t'accompagner si tu veux te rendre chez Lisyane je n'aime pas te savoir seule en chemin… J'espère que nous serons de retour avant vêpres...

*L'étalon gris-fer fit pivota sur ses arrières en piaffant de l'avant... Toute l'habileté de Rollin suffisait à peine à le maîtriser tant il désirait galoper au long de la vallée. Se penchant de côté, Rollin se tourna vers Colinet et tendit la dextre.*

Tu viens?

*L'enfant, surpris, ouvrit grand les yeux. Un sourire fendit son visage d'une oreille à l'autre et, après un bref regard à l'attention d'Yzalba – qui lui accorda sa bénédiction d'un hochement de tête heureux –, il posa sa main au creux de la paluche du Liégeois. Sans effort, Rollin souleva Colinet du sol et l'installa devant lui sur la selle.*


Citation :
Tiens, prends ceci, la route a dû être longue pour eux… et … sois prudent, mon amour.

*Rollin regarda sa compagne avec tendresse. La jeune femme lui tendait une grande outre de vin et un petit baluchon, où il devinait que Marinette venait d'entasser pêle-mêle quelques victuailles.*

Rassure-toi, ma Mie, je ferai bonne garde…

*Le Liégeois se pencha et posa un baiser sur les lèvres de sa bienaimée puis, sans plus tarder, il leva la main en guise de signal de départ. Piquant des deux dans les flancs agités de sa monture, il relâcha enfin sa prise sur les rênes et l'étalon détala au galop.*
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Lisyane
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeLun 17 Mai - 19:50

[Seigneurie de Prè-Saint-Didier Terres vassales. Baronnie de Courmayeur.Point du jour.]

Elle s'étire dans la paille fraiche, délicieuse impression, le jour filtre a peine entre les planches mal jointe de la grange qu'ils ont investis pour la nuit.
Du déjà vu, un sentiment d'enfance pas si lointaine, lorsque loin de l'intérieur de Bourg, elle n'avait que sa cabane pour s'abriter des éléments du temps et qu'elle appelait avec tendresse sa maison.
Il fait froid et malgré le printemps, la buée s'échappe encore de sa bouche lorsqu'elle baille.
Elle roule sur le costé , remontant sa couverture et regarde ses mains un peu rougies.
Elle ne peu s'empêcher de penser qu'elles ont tué, pris la vie de provençaux qui comme elle se battaient pour leurs idéaux.

La porte de la grange grince doucement, laissant entrée la fraicheur et un enfant portant devant lui un pot de lait.
Prudemment il s'approche observant a chacun de ses pas que le précieux breuvage ne s'enfuit pas de son contenant.
La baronne se redresse et lui fait signe de s'approcher, elle sourit, bien souvent elle voudrait avoir le don de peindre comme les artiste d'Italie pour immortaliser les instants présent qui sont innocents et beau de tendresse et d'émotions.
L'enfant dans le contrejour allège ses pas, quand la baronne lui montre les deux hommes qui dorment encore, et pose un doigt tueur sur sa bouche gercée, pour ne pas qu'il fasse du bruit.
Elle lui fait signe de s'assoir près d'elle et lui murmure a l'oreille un merci.
L'enfant rougit et se tord les mains.

Tu sais je dois boire beaucoup de lait, il paraît que cela rend intelligent...Elle boit a mesme le broc, se régalant du produit blanc, puis fait signe a l'enfant de grimper sur son dos.
Aussi lentement que le petit savoyard est entré, ils ressortent, Martin se retourne sous sa couverture, mais ne se réveille pas, elle s'en assure d'un regard, et se faufile le gamin sur le dos par l'entrebâillement de la porte.

Elle sait qu'avant le zénith, la nouvelle de son arrivée l'aura précédée a Courmayeur, elle l'a su lorqu'elle a vu le premier garnement de la ferme partir en courant sur le chemin, et crier avec fierté a sa mère que la nouvelle allait se répandre de bouches en oreilles plus vite que le meilleur messager de l'Empire.

Quand mesme m' Dame Baronne dormir dans la grange, vous 'vez de ces idées...Après tout ces mois a botter le cul des Marquisards.
Saute du dos d'la Baronne Gustin.


La Lucia, paysanne aux charmes ronds et au visage plein, la regarde d'un œil réprobateur, prenant sous son bras charpenté sa progéniture qui sourit malicieusement.

Gustin, vas donc t'assurer que mon chevale a passé une bonne nuit et qu'il ne manque de rien s'il te plais.

Elle attend que le gamin soit partit sous un prétxet plus que fallacieux.

As tu perdu quelques tiens durant la famine Lucia?

Question qui l'a ronge depuis son arrivée sur ses terres, ca l'a tord en tout sens a l'intérieur, elle la noble de rien, la Baronne ruinée.

Pensez donc... c'est qu'on estoy solide chez nous m'Dame Baronne, faut donc pas vous en retourner la rate comme ca, quand le Très haut a décider de nous envoyer des épreuves, faut les surmonter, c'est la faute de personne.

Lisyane n'est pas convaincue mais acquiece.

Pis le bon Rollin, ont dit qu'il s'est dem'né sangs et eaux en vost' Mesnie m'Dame Baronne, vous s'avez ce qu'on dit, paraît que vost' Régente, elle s'rait ronde, et aurait recueillit un p'tit malheureux.
Moy ce qu'en j'en dis, c'est qu'tant. que l'Amour du prochain est là bah tout va.


Prennez moy ce bout de pain, et croquez donc dedans et arrestez vous mettre le fardeau de la malchance sur les épaules!

Tout en discutant les deux femmes sont arrivées a la tablée familiale.

Lisyane rechigne a prendre le pain blanc tendu, elle sais qu'icy lieu c'est un luxe et que la disette fait encore rage.

Sais tu, si la Sagrada est de ce costé du Mont Maudit?Nous sommes passés a sa masure, elle est fermée et depuis longtemps d'après un gamin


La guérisseuse, bah ca fait bien longtemps qu'on ne la pas vu par icy, on dit que l'Eglise aurait mis son nez dans ses affaires, on est vite accusé de sorcellerie lorsqu'on fourrage les herbes et qu'on traine dans les endroit du Sans Nom.

Elle a échappé a l'Eglise depuis des années et elle continueras a guérir et soigner, crois moy.
Et encore plus dans les endroits que tu penses estre dévoué aux pieds cornus.
Crois tu que tu pourrais garder mes compagnons icy?


Moue de la Lucia

Bah c'est que vostre ami là l'est pas bien paraît un peut....

La Lucia tourne son doigt sur sa tempe.

'fin sans vous manquez d'respect....

Gardes les, Martin s'occupera du malade, et je reviendrais les chercher avant que le jour de repos soit arrivé.
Il me reste une pièce d'argent, prend la et que ne vous manquiez de rien avant mon retour.
Ils sont épuisés...


L'enfant est de retour, il se place fier devant la table et sourit.

Vot' grand ch'val l'est bien, l'est au champ avec celui de l'homme de la ville qui se cache sous un chapeau.

L'est encore là celui là, vindiou, mais qu'est qu'un homme de la ville caché sous des loques vient donc faire dans l'coin?

La Baronne se lève.

Lucia, faictes attention c'est peut estre le Sans Nom qui me poursuit, ou l'inquisition qui cherche la Sagrada!!!!

Regard inquiet de la paysanne.
Eclat de rire de la Baronne.

Faut pas rire avec ca m'Dame Baronne...
Pis vous estes pas bien en forme non plus...
.

A cet instant elle reve d'une estuve bruslante, de la douceur du tissus qui caresserait ses avant bras posé négligemment sur le rebord du bain.
L'odeur de la Saponaire se révélant au fur et a mesure qu'elle froterait sa peau d'un bouquet d'herbes.
Laver cette odeur, laver les souvenirs, laver la mort...
Elle sort.


Doucement la ferme prend vie, accompagnant le levé du soleil.

Elle s'assoy sur le tonneau qui trône au milieu de la cour et s'imprègne des bruits d'avant.
D'avant le sang, d'avant les cris, et la fumée épaisse qui enveloppe du malheur les gardiens des idées au rythme du fer qui claque.
Elle pense aux Compagnons de Saint Maurice avec qui elle a combattu fièrement, ceux la mesme pour qui l'Empire et l'honneur ne sont pas des mots vains et des maux de tractation politique.
Elle pense a toutes ses révélations que lui a donné la Provence, que lui a craché la Pavone.
Elle pense a lui elle pense a la mélancolie qui prend comme un rien descendant les âmes au tréfonds de la tristesse et joue avec indécence avec la folie.
Quand a nouveau elle est dans l'instant présent, Gustin la regarde.

Ils sont réveillés?

Le môme balance sa petite teste de dextre a sénestre.

On va les laisser dormir alors.

Elle sourit.

La vie coule paisiblement icy lieu, loin des affres de la ville et de ses griffes.
Elle n'a presque pas envie de partir, se retrouver dans le tourbillon des responsabilité dues a son rang.

Allez grimpe sur mon dos et allons voir ce cheval qui paraît si suspect a ta mère.

Elle le faict sauter dans un grand éclat de rire, elle qui dit ne pas aimer les enfants, a refuser la maternité prenant moult herbes et tisanes de la Sagrada afin d'éviter tout enfantement du Chevalier.
Est ce que la guerre change l'estre humain a se point, ou se voile t'elle la face par peur de ne pas aimer.
A t'elle assez reçue d'Amour pour pouvoir en donner a son tour a un enfant?

Tierce a déjà sonné depuis un moment.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMar 18 Mai - 17:09

Courmayeur, au long de la Doire Baltée – Extérieur – Au second coup de Tierce:
Support audio: Wolauf gesellen an die vart (c. 1420) de Oswald von Wolkenstein par l'ensemble "La Reverdie".

*Les pieds rivés aux étriers, bien calé dans sa selle, Rollin menait son coursier d'une main experte le long des berges caillouteuses de la Doire de Courmayeur. Colinet, cramponné à l'arçon, faisait de son mieux pour garder son assiette. Sans doute inconscient de l'attention extrême qu'avait pour lui Rollin, l'enfançon semblait imaginer qu'il risquait la chute à chaque écart de leur monture.*

*Le galop fougueux du palefroi résonnait mollement sur l'épais tapis de verdure qui reprenait tout doucement vie après les assauts de la sécheresse et les frimas hivernaux… Les cavaliers passèrent au large de Verrand et Rollin tira un peu les guides pour forcer son cheval à ralentir l'allure et passer au trot puis au pas. Le noir-rouanné, qui ne manquait pas style, troussa les antérieurs sur quelques pas, puis revint à une marche paisible. Et c'est là que, attirant l'attention du petit garçon vers le hameau paisible lové au creux de la vallée, le Liégeois pointa de senestre son large index vers le lointain:*

Regarde, Damoiseau, les champs reverdissent… et là au loin, aux pieds des escarpes, les vergers et les vignes commencent à fleurir... j'pense que le temps des malheurs est derrière nous... Le Très-Haut m'entende!

*Heureux de pouvoir partager cette chevauchée qui les menaient au-devant de la Dame de Courmayeur, Rollin, le sourire aux lèvres, pencha la tête comme s'il voulait faire confidence à l'oreille de l'enfant.*

Tu as déjà mené pareille monture?
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMar 18 Mai - 17:16

Colinet, tout à la joie de sa chevauchée avec Rollin sursauta:

Mené quoi?... Moi? Pour sûr, non! C'est tout juste si j'pouvais mener la mule à la longe jusque Thoiry...

Le petit garçon se tut. Depuis ce matin au Verney où il avait connu l'angoisse de la mort, il n'avait jamais parlé de sa famille… pas même à Yzalba qui pourtant redoublait d'attentions à son égard comme s'il eût été la chair tirée de sa chair... La gorge serrée, il essaya de poursuivre:

Je…

L'enfançon s'interrompit à nouveau, la gorge sèche. Le battement de l'arçon qui lui sciait l'entrejambe devenait de plus en plus insupportable et son arrière-train commençait à lui causer de sérieuses douleurs mais, au-delà du mal lancinant, le geste que fit Rollin le laissa bouche-bée: Comprenant sans doute l'embarras où Colinet se trouvait, l'homme aux yeux couleur de nuit lui offrit une sortie honorable… en ouvrant ses larges mains, il permettait au jeune garçon de prendre les rênes et de remettre à plus tard un sujet qu'il préférait garder pour lui. Les yeux écarquillés, l'enfant gratifia Rollin d'un de ses rares sourires... content de pouvoir guider lui-même pareille monture - et encore plus heureux de n'avoir pas à reparler de si tôt de sa vie aux Chavonnettes -.


Citation :
Tu dois te montrer ferme sans pour autant le gêner dans ses mouvements... Il essayera sans doute de te faire croire le contraire, mais tu dois impérativement te rappeler que c'est toi qui commande... Vas-y, talonne-le un peu...

Colinet, un peu gêné par le manque de place, frappa d'abord les tibias de Rollin avant de réitérer son essai et d'atteindre correctement les flancs du palefroi. L'animal, étonnamment docile, allongea le pas et se remit au trot.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMar 18 Mai - 18:13

Courmayeur, au long de la Doire Baltée – Extérieur – Au second coup de Tierce:

*Rollin souriait de voir la fierté qui animait Colinet, son maigre torse bombé et son menton relevé comme s'il allait au devant d'une lance de fer-vêtus. Laissant l'illusion à l'enfant qu'il menait l'étalon, le Liégeois jouait discrètement des talons pour diriger leur monture… monter est affaire de confiance en soi… et si ces vues étaient justes, il ferait de ce garçon là un cavalier émérite… autant mettre toutes les chances de son côté, donc!*

*Il n'y avait pas loin à aller de Courmayeur à Pré-Saint-Didier, deux lieues tout au plus. Aussi, lorsqu'une vingtaine de minutes plus tard ils virent l'amas pierreux des masures de Champex, ils obliquèrent vers le midi... et passèrent la Doire au Gué du Pré. En cet endroit, le lit de la Baltée s'étrécissait mais devenait également plus profond, ce qui donnait au torrent montagnard des allures de rivière paisible, presque nonchalante.*

*Là-haut, enchâssé sur un premier épaulement à quelques arpents du gué, nichait la petite bourgade où la Baronne avait fait halte. Le vieux campanile de pierre grise de Saint-Laurent laissa échapper une note grêle… le rappel du second coup de Tierce.*

Nous y sommes presque, Colinet… donne-lui un peu des jarrets pour qu'il prenne un bon élan.

*Le petit garçon, trop heureux de s'exécuter, serra ses maigres mollets contre les côtes du noir-rouanné. Le palefroi poussa de l'encolure et força le trot sur la pente douce et sinueuse qui menait à Pré-Saint-Didier. Sur un air qu'il voulait sérieux, Rollin voulut faire ses recommandations à l'enfant des Chavonnettes:*

La Dame des Sainctes-Eaux est une amie et...

*Que Colinet, gouailleur, interrompit en riant:*


Citation :
T'inquiète, Rollin, j'sais y faire avec les Dames!

*Le Liégeois esquissa un sourire. Il hésitait à reprendre l'enfançon sur cette liberté de langage mais, bon prince, il laissa passer pour cette fois. Après tout, Colinet n'était pas vraiment un fanfaron, il pouvait bien le laisser s'exprimer un peu.*

*Déjà les premières maisons apparurent, posées de-ci de-là, frileusement recroquevillées sous leurs toits imposants de tavaillons ou de lauzes.*

*Rollin héla un saint-didiérin replet qui traversait petite place à l'ombre de l'antique clocher:*

Bonjour, compère, il paraît que la Baronne est en vos murs… tu sais où je peux la trouver?


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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMar 18 Mai - 19:52

[ dans un monde interdit aux vivants]

Assis sur un rocher, île au milieu des flots sombres, le coude sur le genou relevé, la main sous le menton à supporter la tête, les larmes coulant sans cesse, un homme regarde le vide.

Autour de lui la nuit aussi sombre que les flots qui l'entour, l'emprisonne et le muselle. C'est une de ces nuits tellement sombres qu'elles vous font oublier le soleil, tellement opaque qu'elles vous font oublier les formes, tellement silencieuse qu'elles vous font oublier la vie. Pourtant au milieu de cette nuit, autour de cette île un rire lugubre et sinistre éveille des visions fantasmagoriques.

Ces visions dont la seule mention arracherai des cris d'agonie à toute personne doué de raison entour l'homme et le harcèle de leur sarcasme silencieux, de leur opprobre fantasmatique, de leur rage ectoplamisque. Au centre de ce maelström de violence à l'état pur, de sauvagerie inconnue des terres humaines se tiens l'homme, le coude sur le genou relevé, la main sous le menton à supporter la tête, les larmes coulant sans cesse. Il garde les yeux ouverts, regardant en face les horreurs sans Nom qui l'assaillent, écoute sans faiblir ce rire qui l'accuse, qui le montre du doigt, qui en fond l'ennemi à détruire.

La mer, pendant aqueux de la tempête venue d'outre-tombe, grignote sans cesse l'îlot sur lequel l'homme se tient, rongeant avec la persévérance de l'océan chaque grain de sable, chaque bout de roche, sans s'inquiéter du temps, qui pour elle n'a aucune valeur, elle rogne sont os, avec la certitude de ceux qui ont l'éternité devant eux.

Certain diront que devant un tel déchainement d'inhumanité seul un esprit fou, ou détruit pourrai tenir, ces gens ont raison, car nul ne peux dominer cette rage, nul ne peux supporter ces turpitudes sans en subir les conséquences.

Les formes qui entourent l'île ce multiplie, s'agglutine avant de se diviser, formant des images impossibles à décrire par leur horreur, par leur monstruosité, leurs lubricités, mais aussi leur profonde laideur. Scène au contour vaporeux, mais aux détails aussi sordides d'affreux, elles se multiplient, se complexifie, montant crescendo dans la déraison, l'impossible monstruosité et leur volonté de destruction de toute vie. On les sens jalouses, envieuses, recherchant à prendre ce qu'elles ont perdue, à mordre la vie qui les a depuis longtemps quitté. Pourtant par moment un esprit plus pur, presque brulant par sa lueur et sa beauté s'approche, faisant fuir les horreurs, esprits d'ami perdu depuis bien trop longtemps et qui font redoubler les larmes sur le visage de l'homme.

Au fond du fond, dans ce monde ou rien n'est plus, l'homme écoute la complainte de ceux qui ne sont plus.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMer 19 Mai - 16:47

Pré-Saint-Didier, à l'ombre du clocher de Saint-Laurent – Extérieur – Quelques instants après le second coup de Tierce:

*Juché sur sa monture, roide et fier, Rollin dardait sur le paysan l'ombre étoilée de ses prunelles noires... sans méchanceté... rien que l'autorité naturelle qui, refaisant peu à peu surface, en imposait à celui auquel il s'adressait... Le Liégeois retrouvait des airs de preux ainsi monté sur le noir-rouanné avec l'enfant assis devant lui.*

*À leurs pieds, le jean-bonhomme bafouilla, baissant sa trogne rougeaude, fixant avec une attention soudaine le sol inégal qui ondulait entre ses galoches et les sabots ferrés de l'étalon.*


Citation :
Parait qu'c'est qu'elle est au d'dans d'la grange à la Lucia, Messire…

*Rollin esquissa un sourire. D'un geste athlétique il sauta bas de sa monture et ôta la têtière de son chaperon, libérant la masse désordonnée de ses cheveux aussi noirs que les plumes des freux.*

Allons, compère, relève la tête et cesse de me donner du "Messire" à tout bout d'champ!

*Le vieux paysan, un peu surpris, releva le front un sourire gêné au bord de sa lippe épaisse.*


Et la grange de Lucia elle est?...

*Le vilain, un peu étourdi par toute l'agitation qui régnait ce matin agita vaguement la dextre vers le midi.*


Citation :
Par là, Mess… euh… ouais, par là, après l'tas d'fumier d'Guérin…

*Le Liégeois avait suivi du regard et tenta de repérer le fumier en question... au milieu de tous les autres. Sans plus insister, il adressa un sourire bienveillant au saint-didiérin puis, saisissant son palefroi par le licol, il avança dans la direction indiquée. Colinet, tout à sa joie de monter seul le coursier, souriait béatement en admirant les vieilles pierres du clocher tout proche.*


Dernière édition par Rollin le Mer 19 Mai - 18:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMer 19 Mai - 18:05

Colonne monolithique faite de main d'homme, montagne parmi les montagnes, l'antique campanile de Pré-Saint-Didier paraissait immuable, comme s'il avait poussé au premier matin du monde à même la peau rugueuse de la roche originelle. Colinet observait, émerveillé, les détails de la vieille tour, les ressauts, les redents, les gorges et les moulures qui, dans la grâce discrète de leurs profils usés, presque effacés, rythmaient la masse imposante de ses flancs.

Le balancement régulier du palefroi en marche reprit…

Ce village lui rappelait tellement celui qu'il avait quitté trois années auparavant: les maisons basses aux façades grises, les lauzes des toits, l'odeur des chèvres et des vaches... Le cœur du petit garçon se serra dans sa maigre poitrine.

Un arpent… puis deux… Rollin fit halte et le palefroi avec lui.

Au milieu d'une minuscule cour de ferme, une jeune fille portait un enfant sur son dos… un enfançon à peine plus jeune que Colinet… et celle qui le supportait sans même courber l'échine… elle qui…

… sourire mélancolique, tristesse et lassitude…

Le vaurien des Chavonnettes ouvrit grand les yeux et leur azur glacé répondit subitement à celui du firmament… L'horrible sensation d'être à nouveau plongé dans la Leysse glacée et d'y crever une seconde fois… Un frisson naquit de sous ses cuisses et remonta, insidieusement le long de son dos jusqu'à faire se dresser les cheveux ras de sa nuque nerveuse... L'ombre du malheur sur cette jouvencelle… et le masque blafard et tiré de la mort sur son visage pourtant si jeune…

Colinet ne comprenait pas, il avait l'impression de revivre les étranges événements qui avaient fait suite à son retour miraculeux à la vie… comme si, par sa simple présence, cette fille évoquait le souvenir des démons, des angoisses… et de la terreur…

L'enfançon ne comprenait pas non plus pourquoi Rollin s'était arrêté de la sorte. Que lui voulait-il à cette vagabonde vêtue comme un écorcheur? Pourquoi avait-il si soudainement interrompu sa marche et courbé la tête? Colinet sursauta: les yeux sombres de Rollin étaient sur lui et ce que le petit garçon y voyait lui retourna les tripes... un éclat de joie voilé de rage et noyé de tristesse.


Citation :
Allons, descend, Colinet… Ce n'est pas ainsi qu'un Damoiseau de ma Maison se doit de saluer la Dame des Sainctes-Eaux!
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeJeu 20 Mai - 13:59

Elle porte l'innocence sur son dos, l'enfant ne dit rien, la Baronne non plus, elle avance lentement dans la courette, elle pense a celui qui parle aux morts, celui que la folie a emmener vers un monde qui n'est plus celui des vivants.

Il avait été illustre.

Elle pense a cette escapade dans l'arrière pays provençal, qui avait commencé par la plénitude et le bonheur absolu a la recherche des souvenirs perdus, et emprunt d'amour.
Mais encore une foy elle n'estait pas faite pour ces bonheurs là et le Très Haut, lui avait encore donné une épreuve.
A chaque instant de sa vie, elle avait l'impression qu'elle touchait la félicité du doigt sans jamais pouvoir l'attraper.
Aujourd'hui l'épreuve dormait dans la grange au costé de Martin, celui qui parle aux morts comme elle l'avait surnommer depuis Castelane, ne l'avait reconnu qu'un bref instant.
Se laissant aller plus profondément de jour en jour...Se pouvait il qu'un médicastre, une guérisseuse ou des prières le sorte de ces cauchemars?

Une agitation soudaine, l'echo des sabots qui résonnent, un hennissement l'a font se retourner.

Elle sourit, pas un sourire convenu, ou triste, non le vrai celui qui lui fait creuser sa fossette, un sourire de joy qui orne le visage d'un costé et de l'autre avec des yeux qui pétillent.
Elle reconnaît le cavalier.
Elle fait glisser le Gustin le long de son dos.

*Qui est l'enfant qui accompagne le régent?*
Leurs regards s'accrochent, un long moment, il a dans ses yeux une expression qu'elle connait qui font partie des expressions qu'on ne devrait jamais voir dans le regard d'un gamin.

--Allons, descend, Colinet… Ce n'est pas ainsi qu'un Damoiseau de ma Maison se doit de saluer la Dame des Sainctes-Eaux!

Elle s'approche et tend la main a l'enfant pour l'aider a descendre du palefroi, elle devine son trouble

Mon cher enfant serait ce de la déception que je vois dans tes yeux?

Silence de l'enfant

Elle se retourne vers Rollin.
Elle aurait voulu l'étreindre, tant a cet instant revoir les siens la remplissait de joie, peut être mesme lui tendre les mains amicalement.
Elle se contenta d'un signe de teste et d'un sourire car finalement elle le connaissait si peu.

Et bien je vois que si mes terres sont pauvres, il n'en reste pas moins que nous avons des messagers qui feraient pâlir l'Empereur lui mesme tant ils sont rapides.

Donnez moy vite des nouvelles d'Yzalba et de vostre enfant a naistre avant toute chose?
Et vous me présenterez cet enfant dans la foulée.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeJeu 20 Mai - 16:14

La… la Baronne?... Colinet n'était pas sur d'avoir bien compris: cette fille-là était LA Baronne de Courmayeur?

Le frisson morbide reprit de plus belle. L'enfançon, tétanisé, regardait la jeune femme s'approcher, inexorablement, fière et belle, comme elle avait dû marcher à l'ennemi… elle avait les traits tirés de celui qui voyage depuis trop longtemps et le regard indéfinissable du vieux guerrier solitaire qui rentre chez lui et trouve sa maison dévastée… mais qui rend grâce au Très-Haut d'avoir épargné les siens...

Une main qui se tend, un sourire qui nait aux coins des lèvres et qui transforme la bouche délicatement ourlée en pétales de rose purpurine.

Colinet resta coi. Le vaurien des Chavonnette ne s'attendait pas à ça. Lisyane paraissait tellement jeune à ses yeux, tellement lasse... et dans ces yeux les flammes dansantes de la guerre et les ombres des morts... Le petit garçon savait qu'il ne pouvait refuser la main tendue.

Le geste hésitant et les doigts tremblants, il tendit le bras et sa paume toucha celle de la Baronne. La peau de la jeune femme était douce et chaude... L'enfançon battit des paupières.

Sans un mot, il sauta bas de l'étalon.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeJeu 20 Mai - 18:00

*Rollin regarda Lisyane s'avancer sourire aux lèvres et tendre la main à un Colinet qui n'en menait pas large. Il était déjà loin le moment où il plastronnait comme un jeune coq! Rollin esquissa un sourire: le garnement venait de prendre sa première véritable leçon de noblesse... Les yeux baissés, les joues en feu et aussi muet qu'une carpe, le petit protégé de la Régente et de son compagnon vint se ranger aux côtés du Liégeois.*

C'est que, sauf son respect, Madame, l'Empereur n'est peut-être pas toujours très avisé dans le choix de ses gens… ne soyez point tant prompte à voir la pauvreté de vos terres avant que d'en apprécier toute la richesse.

*La voix de Rollin, profonde et puissante avait tonné. Rendant à Lisyane un sourire à la mesure de celui qui ornait son visage, l'homme porta la main à son cœur et courba gracieusement l'échine. Comme lui, la Baronne hésitait, il le sentait bien... ainsi qu'il en fut au jour de l'adieu au Chevalier Vert, ni elle ni lui ne savaient réellement comment aborder l'autre sans verser dans l'excès de familiarité ou dans l'austère distance de parfaits inconnus... Le Liégeois fit un pas en avant et de ses larges mains burinées enserra celles de Lisyane. Sans doute la jeune femme ne saurait-elle jamais la portée toute symbolique que ce geste avait pour son commensal – car c'était pour lui affaire de noblesse, qu'elle le veuille ou non -, mais tout ce qui importait à Rollin pour l'instant c'était de montrer son attachement et d'apporter un tant soit peu de réconfort à celle qui l'avait accueilli dans sa Mesnie. Consilium et Auxilium… les échos des temps anciens résonnèrent aux oreilles du compagnon de la Régente.*

Bonjour, Dame des Sainctes-Eaux... sois la bienvenue chez toi.

*Le Liégeois détailla les traits de la Baronne et il avait du mal à se remémorer combien elle était jeune… elle qui avait certainement dû trop vite grandir sous le coup d'épreuves que les enfants ne devraient pas endurer... elle qui, si tôt, avait été en butte au cynisme horrible de l'âme humaine… elle qui fut faite Baronne malgré elle... Oui, Rollin oubliait parfois... Et en cette heure où il distinguait à nouveau la jeunesse et la joie, il devait se résoudre à la voir insidieusement voilée par les horreurs de la guerre. La peste soit! Car c'était cela que Rollin voyait se refléter dans les yeux de Lisyane... le reflet de son propre passé, de la douleur causée et endurée et des vies qu'il avait prises.*

Ta Régente se porte bien et nous espérons que l'enfant aussi, Dame... mais j'pense qu'Yzalba sera heureuse de faire gésine... elle fatigue et l'attente devient longue!

*Rollin libéra les mains de Lisyane et se tourna en souriant de plus belle vers le petit garçon qui restait rivé à ses chausses.*

Quant à ce Damoiseau… je te présente Colinet, page débutant, écuyer touche à tout, chasseur de grenouilles et trouveur de nids… il est de ma Maison jusqu'à ce qu'il en décide autrement.

*Le Liégeois passa la main affectueusement dans les cheveux de l'enfant… des cheveux aussi noirs que les siens.*

Colinet, je te prie de présenter tes hommages à Lisyane des Sainctes-Eaux, Baronne de Courmayeur, Dame de Morgex et de Pré-Saint-Didier.

*Le petit garçon, les joues rouge pivoine, releva les yeux... et, plantant son regard bleu de glace dans celui de la Baronne, marmonna un timide:*


Citation :
M'dame…
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeVen 21 Mai - 1:28

Il y a des enfants qui vous accroche le bout du cœur a la minute ou vous yeux se posent sur eux, ou d'un regard le livre s'ouvre et devient le suspense d'une histoire insensée et jolie, un livre qui ne comporte pas de mots mais des maux et des émotions qui ne demandent qu'a estre comprises.
Une intrigue qui vous donne envie de chercher et de trouver la fin qu'on espère heureuse, qu'on redoute d'estre inachevé.
L'enfant ressemble a la Fantinne, et lui fait le mesme effet, la mesme certitude, elle en est bouleversée.
Elle repense aux paroles de la Lucia « il aurait recueillit un enfant... »

Oui c'estait lui.

Elle regarde Rollin et d'un regard, d'un mouvement de teste futif, et d'un battement de paupières appuyé, elle lui fait comprendre que c'est bien et qu'elle a compris, que lui a compris qu'un enfant n'est pas nostre qu'il est libre et que recueilli il doit se construire et avoir la liberté de repartir, plus fort et plus grand grâce aux quelques jours, moy ou années passés dans une maisonnée heureuse.

Elle se baisse son dos lui fait mal, mais elle oubli un instant la douleur pour mettre son regard a hauteur du sien, elle penche délicatement la teste sans brusquerie et dans une infinie douceur, une douceur ôtée et abimée par tout ces mois a combattre encore et encore.
Elle murmure à l'oreille de Colinet.

Quand nous serons rentrés et que j'aurais pris connaissance des affaires courantes des terres de Courmayeur, nous irons pécher ensemble.

Elle le gratifie d'un sourire, et entend un toussotement qui l'a rappel a l'ordre, Gustin se tient droit ses petits poings sur les hanches, qui voulaient dire, et moy Alors!

Je vous présente Gustin, l'enfant vaillant de la ferme et fier porteur de pot au lait.

Gustin remonte les épaules et incline la teste fièrement.

Gustin emmène donc Colinet a la ferme prévenir ta mère que l’Intendant Rollin est dans les murs.

L e pécheur de grenouilles hésite un instant lorsque le gamin de la ferme lui fait signe de le suivre, il regarde Rollin, elle lit de l’inquiétude et de l’appréhension sur le visage encore poupon, mais l’encourage d’un signe de teste.

N’ais donc crainte…

Elle le regarde s’en aller d’un pas peut assurer, sa petite teste qui se retourne et fixe tour a tour Rollin et la Baronne.

Ton accueil me fait chaud au cœur, il est bon de revenir….

La voix de la baronne c’est faite plus douce, plus chevrotante, elle laisse un instant son regard se perdre au loin, avant de passer ses mains sur son visage et de frotter un instant ses yeux.

Je suis si fatiguée…

Elle pense que ces paroles sont futiles et dérisoires, mais arrivera t’elle a exprimé ce qui se bouscule en elle, ses propres démons, peut estre un jour.

Nous avons a parler Rollin, tu dois te demander pourquoi nous sommes rentrer par un costé peu aisé de la montage ?
Je suis passé chez la Sagrada, j’ai trouvé porte close.
Rollin, je me confis a toi comme je me confierai a un ami, sais tu que j’ai vécu en Provence lorsque je n’avais encore pas l’âge de cet enfant qui vit maintenant sous ton toit et que tu parais aimer comme un fils ?
La Provence m’a apporté son lot d’illusion et d’espoir, la mort et la vie, l’amour et la haine, mais j’ai pu faire des recherches sur cette enfance qui me manque.


Elle ne veut pas s’attendrir et accompagne son flot de paroles, de crispation de la main sur sa cuisse.

J’ai avec moy deux compagnons de route, un provençal, Martin un homme dévoué, je ne sais pas s’il restera en nos terres.
Et je ramène un Savoyard illustre, qui avait disparu en Savoy et qui est lié a mon enfance je ne le savais pas jusqu’alors.
Il est malade Rollin et je ne sais que faire, car cette maladie n’est pas curable.


Elle soupire.

Au début je croyais a une crise de mélancolie, mais je crois qu’il sombre dans la folie, lui qui a été si grand.
Il parle sans cesse a des morts que je ne connais pas, ses paroles sont toujours les mesmes a peine audibles et lancinantes
Il a perdu l’éclat de son regard, on ne lit mesme plus la tristesse dans ses yeux, juste le vide rien que le vide.

Il faut qu’on le mette à l’ abri et qu’on trouve quelques médecines pour le soulager si nous ne pouvons le guérir.

Viens avec moy a la grange.


Les deux gamins reviennent deja dans une course effrénée faisant claquer leur course dans la cour de la ferme, Colinet se jette dans les jambes de son bienfaiteur, pendant que Gustin annonce que Martin est réveillé et la demande.
Elle n’a pas le temps de répondre que la question claque, comme un fouet.

M’Dame Baronne c’est quoi la folie ?

Lisyane lève son regard sur Rollin, qu’y avait il a répondre a ca ?

La folie cet estrange mot que tout le monde connaît mais que personne ne peut décrire, cet état ineffable, indicible.

Un instant de flottement ou tous se taisent, elle sent le regard perçant de Colinet et l’attente du gamin de ferme.

Vois tu Gustin, la folie c’est quand nostre âme souffre et s’enferme dans un monde qui n’appartient qu’a nous, qui n’a pas de sens, et qui aspire le commun des mortels pour des raisons divers.

Tu sais lorsque j’estais enfant comme toi et Colinet et que l’été en Provence la chaleur se faisait si dense et si moite que nous estions obligés de laisser toutes les huis ouvertes, bien des foy les oiseaux pénétraient a l’intérieur.
Incapables de retrouver leur chemin ils volaient frénétiquement se cognant aux murs et aux pièces de bois sans pouvoir retrouver le chemin de la sortie, car ce n’estait pas leur monde.
Des nuits durant parfoy ils s’épuisaient, cherchant encore et encore comment retrouver la liberté, leur monde, parce qu’ils avaient perdu ce qu’ils connaissaient et malgré leur efforts, leur envie et leur amour de la liberté, souvent nous les retrouvions allongés sur le sol au matin, mort d’avoir trop cherché sans parvenir a trouver ce qui estait leu vie.


Elle s’arreste un instant reprend une respiration plus calme, laisse le chemin se faire dans la teste de l’enfant.

La folie c’est ca Gustin, l’Homme parfoy est comme ces oiseaux, incapable de retrouver le chemin de la liberté qui fut sienne.

Allons voir Martin.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeVen 21 Mai - 21:11

*Les gestes discrets de Lisyane étaient éloquents… La Baronne de Courmayeur découvrait Colinet et, silencieusement, ses attitudes disaient tout ce que sa langue et sa bouche taisaient. À n'en pas douter, le fantôme d'un autre enfant, celui de Fantinne peut-être, passait devant ses yeux… des yeux que Rollin découvrait débordant d'amour pour les petits d'homme. Sans un mot de plus, le Liégeois observa le manège, la sorte de parade immoblie à laquelle se livraient le vaurien des Chavonnettes et la Baronne… entre volte de mauresque et danse de duellistes… l'observation de deux chiens errants qui se rencontrent pour la première fois et se jaugent.*

*Le compagnon de la Régente savait Colinet farouche, et pour cause puisqu'il en avait longuement fait les frais, mais la magie de Lisyane opérait… quelques mots murmurés firent plisser les yeux à l'enfançon et pincer ses lèvres comme sous le coup d'une cuisante piqure de guêpe… puis Gustin entra en scène, jouant le jeu de la jalousie du premier servi qui se sent lésé…*

*Rollin entrouvrit la bouche dans un demi-sourire. La Dame des Sainctes-Eaux avait beau se persuader qu'elle n'était sans doute pas faite pour la tenue de domaines et de gens, il voyait bien, lui, le talent naturel qu'elle avait à apaiser les troubles et trancher les nœuds…*


Citation :
N'aie donc crainte…

*Le sourire du Liégeois se fit entier, dévoilant ses dents blanches comme l'os, parce qu'il savait que, au-delà du regard que Colinet portait à la Baronne, c'était l'assentiment de Rollin et son approbation qu'il voulait lire dans un hochement de tête et le lent clignement de paupières sur ses iris plus noirs que houille. Yzalba avait regretté un jour ce genre de paroles… et pour cause, n'était-ce point des enfançons guère plus âgés que lui qui avait attenté à sa vie dans les allées du Verney?… À compter de ce jour terrible, Colinet avait toujours cultivé la méfiance et le doute. Le petit Jeannot, celui qui vivait à côté du moulin d'Armavir, pouvait en témoigner: il lui avait fallu des semaines entières avant de pouvoir partager les jeux de l'étrange enfant aux yeux de glace!*

*Confiance gagnée, le vaurien des Chavonnettes détala à la suite de Gustin… et Rollin de se tourner vers Lisyane, infortunée Baronne de Courmayeur, qui se rendait compte qu'enfin elle avait touché au port, qu'elle était en terre amie, en terre sienne, et qu'elle pouvait relâcher un peu la roide gangue des apparences. Le compagnon de la Régente posa sur la jeune femme un regard plein de compassion et de gentillesse.*

La fatigue du corps passera vite… celle de ton âme mettra un peu plus de temps mais elle finira aussi par se dissiper, ma Dame, rassure-toi…

*La Dame des Sainctes-Eaux avait du comprendre que la barrière que Rollin érigeait autour de lui était désormais ouverte… il était de sa Mesnie… et sans doute était-ce là le jour où, pour lui, elle devenait une amie… L'évocation de ses sentiments pour Colinet le fit sourire. Il n'avait jamais réfléchi à cela… il avait suivi son cœur… il avait fait ce à quoi il s'était toujours destiné… il avait protégé le faible… comme il l'avait promis à Messire Jean et à Raes, son fils…*

Chacune de nos vies recèle sa part d'ombre et de mystère… c'est là notre lot commun… et si cette guerre a pu te servir à éclairer un tant soit peu les ténèbres, j'en suis heureux…

*Rollin posa une main amicale sur l'épaule défaillante de fatigue de Lisyane.*

Sois en paix, Dame, nous ferons de notre mieux pour aider cet homme… Je suis convaincu que le Très-Haut n'en a pas fini avec ses largesses. Et si la science d'Yzalba ne peut rien... il reste les gestes des anciens, ceux de la Sagrada, si tant est qu'on puisse la trouver... et si cela ne donne rien non plus, il nous faudra nous en remettre au Très-Haut.

*Les enfants revinrent, crapahutant et sautillant. Et Gustin, bien innocemment porta l'estocade à Lisyane! Il enfonça le fer là où la douleur est la plus vive et où l'âme n'est protégée d'aucune armure… Rollin, l'air grave, eut pourtant un sursaut: la maîtresse de la Mesnie trouvait les mots justes et les phrases qui enseignent… Un fugitif instant le Liégeois se surprit à sourire dans le vague: l'ombre du Vert Chevalier venait de passer… car ces mots eurent pu être les siens.*

*Rollin poussa Colinet un peu devant lui et les ténèbres de son regard insondable se posèrent sur le visage de la Baronne.*

Allons, Courmayeur, marche pour ton salut! Allons voir tes compagnons, Baronne, et tâchons de faire au mieux.

*La démarche assurée et le geste sûr, Rollin avança aux côtés de la jeune fille et des deux garnements, comme un vieux chevalier au milieu de ses protégés.*
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeSam 22 Mai - 16:09

La petite troupe prenant la direction de la grange traverse la ferme en pleine activités.
La Lucia battant le linge relève la teste de sa barrique d'eau bouillante, elle salut d'un geste et replonge dans ses linges, assidue et appliquée, sa gorge gironde ballote au rythme des mouvements de son battoir.
Une ambiance bien loin de la cour Ducale, ou des champs de batailles.
La Baronne jette un œil de sénestre et dextre, elle a a nouveau les yeux qui pétillent, et l'envie d'oublier.
La grande carrure et la sagesse de Rollin ,ne sont surement pas estrangées a son changement d'humeur, elle sourit a Colinet qui semble profiter de chaque instant, son visage rougit et se détend, elle crois mesme voir un sourire se cacher derrière une bouche qui ne demande qu'a se libérer de la crispation .
Gustin semble réfléchir a la réponse a sa question, elle le voit se gratter la teste, ses dents encore blanches jouant avec ses lèvres avides de savoir.
Il a les yeux fixés sur les poules qui picorent, les dindes de Fontenay, une espèce assez bruyante, vont de long en large essayant de trouver une prestance que leur origine ne leur permet pas.
L'innocence et la joie de l'enfance reprennent leur droit, Gustin part ventre a terre au milieu du groupe de volatiles qui s'envolent et s'échappent dans une nuée de plume.

L'enfant rit, La Lucia cri.

Moment de vie simple, des simples.

La baronne se retourne vers Rollin, un sourire éclatant illumine son visage.

Finalement le bonheur est quand mesme là...

Cependant lorsqu'elle pousse la porte de la grange elle range son sourire, un peut comme on rentrerait dans un lieu saint, une chape de silence et d'austérité tombent et alourdissent ses épaules.

Martin est assis prêt de celui qui parle aux morts, il semble résigné.

Je me disais que peut être ce matin il serait différent, qu'on verrait un changement, quelque chose, un geste qui nous fasse espérer.

Gustin vient de les rejoindre et avance insidieusement et discrètement pour se placer entre Lisyane et Colinet.
Le garçon de ferme regarde le corps allongé. Il repense aux paroles de la Baronne, la folie, les oiseaux, il ne comprend pas très bien, il regarde Colinet et hausse les épaules d'incompréhension.

Il lève sa teste et tire sur le bras de Lisyane qui baisse son regard sur lui.

Dis M'Dame Baronne, je crois que la pièce ou vot' ami est enfermé est drôlement étroite et que les murs doivent estre drôlement épais, il doit se cogner très fort pour s'trouver dans pareil état!

Gustin lève sa main munie d'un lance pierre et son regard se pose a nouveau sur celui qui parle aux morts.

On achève bien les oiseaux, non?

C'en est trop pour la jeune fille, qui part dans un immense fou rire incontrôlable.
Son ventre se crispe a chaque ruade de rires qui lui bloque la respiration, ses yeux se voilent de larmes.
Elle veux s'arrêter mais ne peut pas et fait de grands gestes pour chercher l'air qui lui manque.
Le fou rire de la Baronne se fait entendre dans toute la grange, bienstot rejoint par celui de Martin.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeLun 24 Mai - 13:45

Sombre ténèbres emplis de violence, entouré de cris d'agonie et des complaintes éthérés des spectres, l'homme subit les pires tortures qu'il est envisageable. Assis sur son rocher, il subit sans broncher une violence sans pareil, un combat qu'il ne peux gagner, une bataille qu'il n'a pas à livrer, une guerre qui n'est pas de son monde.

Loin des siens, loin de la Paix qu'apporte le doux soleil de notre monde, dans le plus sombre des royaumes, celui qui parle aux morts, regarde son combat avec fatalité, pourtant il refuse de perdre, même en sachant qu'il ne peux gagner, il continue à subir les assauts des âmes mortes. Quand il flanche, une âmes blanches s'approche, encore et encore, et il sait qu'il doit continuer, pour eux, pour "cette montagne de gens que je veux défendre". L'esprit plus fort que la mort ?

Voilà un combat qui mérite notre attention, deux immortelles combattants ce livrant une bataille enragé, quelle utilité ? Comment ? Dans quel but ? Avec quels armes ?

Quand le combat de deux êtres mortel est simple, l'un cherchant la domination de l'autre, voir sa mort, comment fait-on quand ni la domination ni la mort ne peut mettre fin à la guerre ?

Ne comptez pas sur celui qui parlent aux morts pour vous l'expliquer, protagoniste il connait les règles et les armes, mais ne peut les expliquer, bien trop dans le combat pour un enjeu que trop grand. Pourtant, le but de ces attaques et si simple que cela en est terrible. L'esprit et la mort ne peuvent se battre que pour la chose la plus pure, la plus précieuse et la plus rare qui existe, la quintessence même de la vie, ce qui font se battre les immortelles depuis toujours, dieux, démons,, anges et diables, esprit et mort. Tous se battent pour l'âme de ceux qui meurent.

Mais voilà qu'un de ceux qui meurt, doit lui aussi la défendre, contre l'attaque éternelle, combat perdu d'avance, tel fourmi combattant une montagne, tel humain combattant le destin, tel une feuille combattant le courant d'un torrent de montagne tel un seigneur défendant sa forteresse assiégé, seul contre une marée humaine d'ennemi, mais ne lâchant jamais prise, toujours au combat, toujours là.

Alors que cet éternel combat, continuait, encore et encore, toujours plus violent, toujours plus destructeur, alors que rien ne semble vouloir faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre, un changement impossible apparait.

Alors que la seconde précédente, il était au fond du fond, dans les entrailles du monde, dans un combat mentalement destructeur, physiquement étouffant, la seconde suivante, les yeux de celui qui parle aux morts admiraient la douce lumière du jour, filtré par un bâtiment. Il ferme les yeux, les ré ouvrent, ne comprenant plus rien. Quel sort, quel puissance l'avait ainsi sortie de son enfer ? Où est-il ? Pourquoi entent-il un rire plein de vie ? Le combat aurait-il changer de forme ? Mais si c'est le cas pourquoi se sent-il plus léger, comme si une chape de plomb l'avait quitté ?

Celui qui revient de chez les morts, essai de s'habituer a tant de lumière, ne comprend rien aux cri est aux mains qui viennent le toucher, aux sons strident ou étouffé qui l'assaillent. Il essai de parler, de se lever, de trouver son arme, de tout faire en même temps, mais rien ne vient, il semble aussi fort qu'un brin d'herbe et pourquoi y a t'il autant de lumière ici ?

Entre ténèbres et lumière il n'entend pas le hurlement de frustration qui s'échappe de son combat, hurlement venu de la voix qui riait quelques instants plus tôt. Il ne voit pas non plus les mains spectrale qui essai de le rattraper, ni le doux filtre qui, petit à petit comme une peau, vient recouvrir l'entrée des morts, la cachant à son âme sauvée, dernier rempart contre le retour au combat.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMar 25 Mai - 18:33

Lumière diaphane qui embellit les choses et les couvre d'or fin, brise vivifiante qui charrie des odeurs réconfortantes de campagne dans la fraicheur du matin…

Colinet n'avait pas assez de ses yeux à la vue recouvrée pour apprécier toutes les choses des hameaux de la vallée. Tout ici paraissait semblable à ses souvenirs des Chavonnettes et de Thoiry… tout… comme le reflet étrange au travers du miroir d'argent de la Baltée qui déroulait ses eaux vives en contrebas.

La jeune Baronne faisait de son mieux pour tenir bon et l'enfançon vit Rollin prendre sa place auprès d'elle, comme un ami fidèle, un suivant dévoué… il retrouvait ses airs étranges où détermination et force tranquille se mêlaient en un inextricable enchevêtrement. Ces airs que Colinet lui avait déjà vus au sortir de l'inconscience sur l'herbe du Verney au bord de la Leysse et dans les ténèbres bleutées du chœur de la basilique Saint-Nitouche au soir des combats de mars…

Au-dedans de la grange, où l'air alourdi de poussière se faisait étouffant et où la pénombre diluait les détails des choses et des gens, l'enfançon distingua une première silhouette. Un jeune homme au fort accent… sans doute provençal ou occitan… vint au devant de la Baronne. À son regard défait et à la fatigue qui faisaient ses épaules s'affaisser, Colinet pouvait voir toute la lassitude de l'homme qui plus que certainement n'en pouvait plus de la guerre et n'aspirait sans doute qu'à une seule et unique chose: rentrer chez lui. Le cœur un peu serré d'imaginer cet homme-là avoir au moins l'espoir d'un lieu où rentrer, ce que lui n'avait désormais plus, l'enfançon porta son regard vers le fond de la grange...

La sensation de malaise qui l'avait assailli en découvrant Lisyane se fit à nouveau jour, mais bien plus sournoise, bien plus dérangeante… tant et si bien que le petit garçon se rapprocha subrepticement de son protecteur pour tenter de se rassurer et essayer d'éloigner cette sensation dégueulasse de doigts gluants et froids qui étreignait ses flancs amaigris. Un étrange bruissement assaillit ses oreilles... comme un sifflement ou plutôt le souffle rauque d'une créature immonde et putride… l'horrible sentiment d'une présence rampante, boursoufflée, abjecte; et l'odeur fétide du sang et de la chair pourrissante… Colinet ferma les yeux… Dans le silence de son âme troublée résonnait les battements d'un puissant tambour... inexorable... implacable... et un fracas étouffé, comme les échos d'une bataille lointaine et titanesque… et un ricanement sauvage... un ricanement qu'il connaissait tellement bien...

Une main sur son épaule le fit sursauter.

Derrière-lui, souriant à demi, Rollin le fixait de ses prunelles sombres. Sans que l'enfançon comprenne pourquoi, Lisyane et Martin riaient à gorge déployées, en proie à un fou-rire salvateur, sans doute, mais que Colinet trouvait déplacé... il avait l'impression qu'on se moquait de lui…

Au loin, dans les méandres de son âme, le ricanement devint hurlement rageur. Le petit garçon frissonna et eut l'impression que la lumière et la chaleur ne reviendraient jamais... Et pourtant…

Colinet sursauta, comme si une immense porte avait claqué… La main sur son épaule resserra son étreinte… et la voix profonde et grave de Rollin résonna dans la grange et chacune des vibrations de cette voix ramenait un peu de vie dans le corps de l'enfançon:


Citation :
Par les cornes du Bouc… Ma Dame… regardez…
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMer 26 Mai - 17:28

*Rollin, la main rivée sur l'épaule frêle de Colinet, sentit sous ses doigts l'enfant cesser de trembler. Le compagnon de la Régente scrutait la pénombre qui régnait au fond de la grange, là où il savait le blessé allongé. Ses iris sombres tentaient de percer le voile de ténèbres qui entourait la couche, là où, recroquevillée, la masse échevelée et hirsute de l'homme gisait, abattue et prostrée.*



*La silhouette presque grotesque avait tressailli au premier éclat de rire… émettant une sorte de murmure qui tenait plus du borborygme stomacal que du langage articulé… Une main tremblante s'était extirpé des couvertures… une main crispée et nerveuse où l'on pouvait lire la fatigue, la faiblesse et la fièvre qui assaillaient celui qui tentait d'en maîtriser le tremblement. Gustin, le petit garçon de ferme recula, jusqu'à sentir le corps chaud de la Baronne contre son dos.*



Par les cornes du Bouc… Ma Dame… regardez…

*Les rires s'atténuèrent... comme meurent les ombres de la nuit dans les prémices de l'aube… comme se diluent les derniers rais ardents du soleil rouge dans le crépuscule où l'on ne distingue plus le chien du loup… les éclats de voix se fondirent dans le silence…*

*Rollin, dans un geste protecteur qui n'avait rien d'inconscient, fit reculer Colinet derrière lui… Le Liégeois lut l'appréhension sur le visage un peu maigre de l'enfant. Un visage qui avait retrouvé la pâleur de l'albâtre.*

Va chercher le baluchon, s'il te plaît…

*Sans demander son reste, Colinet détala. Le garçon de ferme était resté, cramponné aux flancs de Lisyane, les yeux dilatés par la peur, et la narine frémissante d'angoisse. Rollin posa un regard étrange sur Gustin.*

Allons, mon gars, va donc aider Colinet au-dehors…

*Le fils de la Lucia avait sursauté, comme si le Compagnon de la Régente venait de l'arracher au cauchemar. Un sourire hésitant se dessina sur sa face hâlée d'enfant des montagnes… puis, prudemment, sans détourner le regard, il battit retraite… tiraillé entre terreur et curiosité malsaine.*

*Rollin suivit le petit garçon du regard et, une fois qu'il fut certain qu'il était hors de vue, il tendit sa dextre à Lisyane.*

Dame, ton compagnon d'armes semble ne pas avoir abandonné la lutte… Viens-t-en donc… s'il est conscient il sera heureux de voir un visage amical…

*Le ton grave et rassurant du Liégeois faisait vibrer tout l'air alentour...*

Et si c'est un sursaut de fièvre… nous pourrons tenter de l'apaiser un peu… et dire des prières près de lui en espérant qu'elles mettent du baume sur son âme.

*Collés par Martin, Lisyane et Rollin s'avancèrent – la main de l'une délicatement posée sur celle de l'autre – vers la paillasse où reposait l'homme de guerre… Sa peau était livide, comme l'ont les pendus au lendemain de leur dernière ballade, et ses traits étaient tirés et fiévreux… Les yeux caves, semblaient saillir de façon presque obscène au centre des orbites creusées par le mal qui rongeait insidieusement son corps et obscurcissait son âme.*
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeMer 26 Mai - 18:52

Elle apprécie chaque geste, chaque attention de son intendant.
Chaque approche est d'une perspicacité incroyable, chaque mot l'a rassure.
Son rire évanoui, n'estait qu'une joy dissimulée, une ancre de secoure qui accroche pour éviter le gite et la houle d'une peine et d'une tristesse qui malmène.
Elle ne regarde pas les enfants détaller, ses yeux sont rivés sur l'homme qui n'est plus qu'une ombre de vie.
Elle se demande pourquoi, encore et toujours, ses pensées s'embrouillent et voudraient trouver la solution au mal qui le ronge.
Depuis Castellane, l'incompréhension l'a dévore malgré son bonheur, malgré la feste dans son cœur et dans son corps d'avoir retrouver la chaleur d'estre aimée, d'estre désirée.

Doucement ils s'avancent, sa main se crispe sur celle de Rollin, ses phalanges pour qui pouvait les voir devaient estre blanches.
Elle est glacée malgré la chaleur estoufante de la grange, elle frissonne mesme un peut mais sens les gouttes de sueur, cheminer le long de son dos.

Elle cherche un dernier regard, celui de Martin scrute son Maistre, elle vois des larmes coulées sur ses joues, mais aucun son, ni murmure ne sort de sa bouche qui reste crispée et figées sur des lèvres fines.
Elle se tourne et croise le regard charbon de Rollin, de la douceur et du respect, de la dureté et de la compassion.
Elle prend une bouffée d'air, profondément, l'air poussiéreux et emplit de l'abjecte de la peur et de la maladie.
Elle ferme les yeux un instant, elle a peur finalement, la teste lui tourne.

Pas maintenant, non pas maintenant....

Elle lutte contre l'estourdissement qui l'a prend et elle s'accroche un peu plus a Rollin.
Les estourdissements qui ne l'a quitte plus depuis la Provence, la fatigue sans doute, ou les remords, la peur, se font plus présents depuis quelques jours.
Son retour en savoy l'inquiète, l'annonce de son mariage aussi, mais en estait ce vraiment la cause?
Elle ne mangeait plus, et son corps se défendait contre ses propres démons.

Elle s'agenouille comme on s'agenouille a l'Eglise, silencieusement, pieusement dans des gestes lents et longs.
Elle approche son visage tout prêt, le sien est émacier et livide, il lutte elle le sait, il tente d'ouvrir les yeux, ses paupières ne se décollent pourtant pas.
Dans un geste de douceur, elle caresse sa joue, son front bruslant.

Chuttttttttttttttttttttttt...........

Elle murmure.

Je suis là, je t'ai ramené en Savoy.
Sais tu que les montagnes ne sont jamais aussi belles qu'au printemps?
J'ai besoin de toi, je suis si jeune, il ne me reste que toi, laisse la mort, tu as encore tant de chose a accomplir icy avec nous...


Elle prend ses mains dans les siennes, elles sont raides et déjà sans vie, elle masse de ses doigts ses paumes et les extrémités. Elle les porte a ses lèvres et les embrasse, comme on embrasse les petites mains des nouveaux nés et des enfançons, pour les consoler quand le chagrin les envahis. Puis colles ses paumes sur chacune de ses joues.

Et puis elle pense qui lui faut des paroles qui claquent, qui repoussent la mort vers son monde, qui lui donnent le courage de s'extraire de l'abjecte et de la fosse mortuaire qui le happe et aspire le peu de vie encore en lui.
Au diable les mièvreries, lui il n'estait pas comme ca, il n'aimait ni l'amour ni le bonheur, il aimait l'honneur et la rudesse de la vie, il estait droit et fière.
Maintenant elle en avait assez appris sur sa vie qui estait liée a la sienne.

Elle se lève et hurle.

Crois tu que tes compagnons te souhaite assez lâche pour ne pas combattre!
Tes morts t'appellent, mais les vivants aussi.
Ysaline Shantti Phaco et les autres, ils ne te veulent pas, ce n'est qu'un prétexte...


Elle est en colère contre elle contre lui contre le mal qu'elle ne comprend pas.
Elle arrache le fil de cuire qui porte l'anneau de bohémienne que Hadwin lui a offert et le colle sans ménagement dans la main de l'Homme.

Regarde ca, ouvre les yeux et regarde...

Hadwin me l'a donné....


Relève toi sois fier de ce que tu as fait, sois fier d'avoir été leur ami et leur compagnons d'armes...

Elle bafouille ne sais plus, le corps de l'homme est pris de soubresauts.

Ton armure, tes terres te réclament, Léonorio espère, alors accroche toi laisse la folie rejoindre son monde.

Je vais me marié...

Elle dis ca comme une confession, un dernier essaie, une ultime parole, elle se jette a nouveau a genoux et pose sa teste sur le torse si maigre de l'homme qui s'agite.

Je t'en supplie reviens nous...
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Lisyane
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeJeu 27 Mai - 0:53

Leonorio a écrit:
[A Faucigny, au même moment...]

La bannière du Duché flottait fièrement dans les airs, accrochée à la plus haute tour du fabuleux ouvrage militaire qui n'avait jamais failli jusqu'à aujourd'hui... A coté de celle-ci était également accrochée la bannière du Duc et maistre des lieux Leonorio, signe que ce dernier était de retour sur ces terres après une longue absence en terre provençale...

Le Duc de Faucigny, Leonorio de Miolans, était quant à lui perdu dans quelques contemplations de la silhouette du Mont Maudit, sommet de l'Europe, qui se dessinait au loin et qui annonçait la fin de son domaine. Derrière cette chaine de montagne quasiment infranchissable se trouvait celle qui avait su ravir son cœur dès le jour où il l'avait vu pour la première fois à la Cour Ducale... Il avait cependant gardé la réserve de ses sentiments pour lui jusqu'à il y a peu pour finalement défaillir en Provence, et finalement la demander en mariage dans un village oublié mais emplit de souvenirs de l'arrière pays provençal...

Le Chevalier s'arracha à contrecœur de ses songes mélancoliques et lyriques, une mine préoccupée... Faisant les cent pas dans la pièce qui lui servait de bureau, il finit par s'assoir devant son bureau et se servir un verre de gnôle afin de calmer ses inquiétudes. En effet, il n'avait eu aucune nouvelle de l'être aimé depuis qu'ils s'étaient quittés pour le voyage de retour, aussi le Duc ne savait pas si sa désormais promise était bien arrivée sur ses terres... Il espérait seulement que celle-ci n'avait pas rencontré les mêmes mésaventures que lui et ses hommes !

N'en pouvant plus d'attendre, le Duc prit sur lui et attrapa une feuille de papier et une plume. Les mots se bousculaient dans sa tête, il avait tellement de choses à lui dire... Quelques secondes plus tard, le Chevalier eut enfin une idée de ce qu'il souhait coucher sur le papier et laissa sa main courir sur la feuille... Grand fut son désarroi lorsqu'il s'aperçut qu'il rencontrait toujours les mêmes difficultés pour écrire ! Il n'avait pris la peine d'apprendre une telle capacité que récemment, et force lui était de reconnaitre qu'il avait trouvé là le défi le plus ardu qui ne s'était jamais offert à lui !

Pestant contre sa propre incompétence, le Duc fit quérir son scribe dans les plus brefs délais. Une fois celui-ci arrivé, installé et prêt à accomplir son office, Leonorio se leva et, arpentant la pièce, commença sa diction...

Citation :
Ma mie,

Je me permets de vous écrire une lettre, ou plutôt je vous fais écrire la-dite missive car vous connaissez les difficultés que je rencontre... Je tenais à vous faire part de mon retour en Savoie et sur mes terres. Malheureusement, ce retour ne s'est pas fait sans difficultés ni contraintes, et ma peine est grande car mon frère est toujours coincé sur les routes provençales...

J'espère que vous avez fait bon voyage et que vous profitez d'un repos plus que nécessaire pour votre personne sur vos terres. J'espère également que notre ami commun a supporté le voyage... J'ose même espérer qu'il va désormais mieux depuis qu'il a retrouvé ses terres...

Je suis plus que pressé de vous voir à nouveau, de vous entourer de mon étreinte si rajeunie par votre présence, de mêler mes lèvres aux vôtres... Cet éloignement mutuel, si court qu'il eut été, fut pour moi une réelle souffrance, force m'est de vous l'avouer.

Je me réjouis cependant de vous annoncer que les bans vont être annoncés d'ici peu, et que les cloches sonneront de toutes parts en Faucigny et en Courmayeur !

Je vous aime,

Votre Leonorio.

Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. 091109042520755744818127

Un messager fut rapidement dépêché, et le Duc de Faucigny lui fit jurer sur sa vie de porter ce message à la Baronne de Courmayeur, Lisyane. Si jamais il venait à manquer à son devoir, il subirait l'ire d'un Miolans et croupirait dans les geôles et autres oubliettes de son frère...
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. Icon_minitimeJeu 27 Mai - 19:25

[De retour sur terre]

L'air est lourd, la paille rêche, la lumière assombrit et bien des gens se trouvent autour de l'homme. Pourtant un sourire se dessine, qu'importe les désagrément du monde tant que l'on est dedans? Qu'importe que la respiration soit difficile quand on peux respirer? Que le sol soit incommode quand on peux le sentir? Pourtant quel bruit, un marché serait plus calme pendant les heures joyeuses ou tout un chacun vient acheté ses denrées.

L'homme entend une voix, qui murmure, il voudrait savoir qui c'est puis elle hurle, ces paroles vrillent les tympans de l'homme, lui disent ce qu'il ne sait plus s'il veux les entendre ou les oublié, d'un appel à l'aide, aux remontrances, du désespoir à la colère, de la peur au rejet. L'homme entend, mais ses yeux n'arrive pas à s'ouvrir, sa tête lui fait mal, son corps est lourd tellement lourd, depuis quand est-il aussi lourd?

Puis l'anneau dans les mains, un nom, un souvenir, des souvenir,s qui s'imbriquent, se mélanges, se remettent en place, entre un viking, deux bohémiennes, les visages reviennent, disparaissent reprennent place, l'homme commence a perdre patience de cette latence, les fourmis dans les jambes, les doigts qui s'agite puis l'anneau, il comprend.

Echec, son esprit repart bat la campagne, semble rechercher le trou par lequel il vient de regagner sa vie, la fuite comme moyen d'oublier, la fuite pour ne plus souffrir, la fuite pour ne plus avoir a vivre. Pourtant bien vite l'airain de son esprit reprend le dessus. L'homme se calme intérieurement et son corps, le suis. lentement il reprend possession de son corps et de ses faculté. Mais tellement lentement, s'en est rageant, s'en est frustrant. Pourtant il garde son calme, s'entête, continue la reconquête de ce qui lui est de droit possession, de droit sien.

Après un temps qui lui parait bien long, si long, il ouvre les yeux. Enfin! les yeux s'ouvrent lentement, doucement, son visage s'illumine d'un sourire radieux quand il voit. Il regarde un peu a droite, un peu à gauche. Que de monde, que de tête d'enterrement. Il ne reconnais personne ou presque. Avec des gens de vieillard mourant il prend la main de Lysiane et la regarde.

Dans un effort impossible il dit de la voix de celui qui n'a pas parler pendant des semaines.


Tu... Tu es trop maigre, ma douce.

Puis son regard se porte vers Martin, le doux Martin, le soldat au coeur emplit de Paix, il le regarde et lui sourit, dans ce sourire on pouvait voir toute la joie de celui qui revient d'un combat impossible pour retrouver son foyer, on y retrouve tout l'amour du monde et tout le bonheur qui existe. Des sentiment complet que seul les revenant peuvent donner.

Mercé lo meu mistos solelh.

La voix roc de l'homme gâche un peu les paroles mais tout été dit, il était revenu d'entre les morts et se devait de remercier ceux qui l'avait ramené. Puis il essai de se relever, mais son corps ni arrive pas, trop de privation, trop de douleurs lui interdise et c'est dans un grognement qu'il se rallonge.
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