La Baronnie de Courmayeur
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La Baronnie et ses petites histoires
 
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 Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...

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Rollin

Rollin


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MessageSujet: Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...   Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort... Icon_minitimeMar 6 Oct - 17:58

*Calé dans sa selle, Rollin guidait sa monture à bride abattue vers le bourg de Courmayeur. Hadwin, inconfortablement installé en croupe, se cramponnait toujours et faisait de son mieux pour rester sur le dos du palefroi gris fer.*


Dernière édition par Rollin le Lun 12 Oct - 16:10, édité 1 fois
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Hadwin

Hadwin


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Localisation : Au nord du sud....

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MessageSujet: Re: Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...   Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort... Icon_minitimeSam 10 Oct - 0:17

Hadwin surpris par tant de détermination de la part de Rollin se laissa guider à travers la vallée.
Rejoindre le bourg de Courmayeur, voilà la belle affaire, lui n'était pas d'ici et cela pouvait représenter aussi bien une dizaine de lieues que deux! Et au vu de la consistance des sentiers, s'il ne rendait pas son dernier repas sur le dos du paysan, ce dernier ne pourrait qu'en remercier le Très-Haut...

Courmayeur... Terre de vallées abruptes au pied du Mont Maudit, le grand blanc, l'insondable pic qui surplombait la Baronnie par sa majesté et son versant ouest si impressionnant.
L'automne était là mais point de neige pour le moment, toutefois la fraicheur de la journée donna des frissons à Hadwin, d'ici peu de temps les toits des chaumières environnantes se couvriraient d'un blanc immaculé.

Agrippant fermement le flanc de son compagnon de chevauchée, Hadwin repensait aux dernières paroles de ce dernier. Il essayait de faire le tri entre son but ultime, lourd de conséquence et de savoir et ce que venait de confesser Rollin. Au grès d'un galop sur terrain quasi stable, il osa une question:

Point... d'ici dis-tu? ouch.... Tu sembles pourtant connaitre la région comme si elle était tienne l'ami! 'tention le sapin!!!!!!!!! Par les sacoches du malin! Prend garde ou nous finirons cette infernale chevauchée en rampant pour ramasser nos membres! Bon, je dois t'avouer une chose avant de mourir empalé contre un arbre, je suis... O sangue de Deus!! je suis curieux l'ami! D'où viens-tu? Moi-même je viens de loin, peut-être pourrions-nous échanger à ce sujet?...

Une branche de conifère érafla la joue dextre d'Hadwin, le voilà bien arrangé pour la suite de sa mission, peut-être devra-t'il tenir l'inventaire en lettres de sang...
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Rollin

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MessageSujet: Re: Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...   Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort... Icon_minitimeLun 12 Oct - 16:16

*Sous ses dehors de paysan bourru, Rollin n’en était pas moins un homme d’expérience ; il était conscient de la posture périlleuse où son passager se trouvait, aussi menait-il son cheval d’une main experte, autoritaire et pourtant délicate, afin de limiter les risques de chute… Toutefois leur chevauchée était loin d’être une partie de plaisir.*

*Tout à l’inverse du paysan, Hadwin semblait éprouver un besoin inextinguible de parler et, à la faveur d’une bande de terre plus praticable, il fit part de ses interrogations à Rollin. Le Liégeois souriait étrangement et par-dessus son épaule, il répondit à son passager :*

J’suis né sur la rive gauche d'la Meuse, Compère… bien loin en direction du Septentrion… sur les terres d'la Principauté de Liège, à l’ombre d'la Cathédrale Saint-Lambert, la plus grande église d'la Chrétienté… plus grande même qu'celle de Cologne ou d'Paris…

*Depuis son départ des terres du Prince-Evêque huit années auparavant, Rollin n’avait jamais aligné autant de mots à la suite concernant ses origines … seule Yzalba avait eu droit à quelques phrases succinctes suivies d’un long silence, lourd et pesant. Bien qu’il ait souffert et enduré les affres de l’enfer sur ses terres natales, il ne pouvait refréner des accents de fierté presque orgueilleuse lorsqu’il parlait de sa patrie… Mais Rollin n’en parlait pas souvent, il préférait laisser ses souvenirs de côté…*

*Le paysan menait toujours sa monture avec doigté, serrant au plus près les arbres et les haies pour gagner le plus de temps possible. Ils avaient parcouru une lieue tout au plus lorsque quelques masures défraîchies agglutinées en grappes apparurent de-ci de-là, montrant qu’ils atteignaient un faubourg de Courmayeur… en fait, les limites du bourg de Courmayeur lui-même… Rollin immobilisa sa monture devant une petite maison un peu mieux entretenue à côté de laquelle se trouvait un bâtiment bas. A quelques toises de là, on pouvait voir le chariot de la Signora Iasvana, la médicastre.*

*Sans un mot, le paysan s’engouffra dans la maisonnette et en ressortit quelques minutes plus tard, portant une sorte de coffret plat sous le bras. Devant le regard interrogateur de Hadwin qui épongeait le sang qui coulait d’une éraflure sur sa joue, Rollin sourit et sa voix profonde résonna étrangement :*

C’t' ici qu'nous sommes installés, la Régente, nos enfants et moi… Et ceci vous permettra d’écrire à votr’aise !

*Le paysan fourra le coffret dans une des fontes de sa selle et remonta sur le dos de son palefroi. Quelques instants de chevauchée à peine leur suffirent pour rejoindre le centre du bourg de Courmayeur. Les terres de la Baronnie semblaient relativement étendues, mais le gros de l’activité humaine s’était concentré dans la haute vallée, là où coulait la Doire Baltée au creux d’une immense cuvette qui devait faire deux lieues de long sur une demie de large. Entre les flancs abrupts des montagnes, neuf hameaux, parfois limités à un ilot de quelques fermettes, et un bourg étaient disséminés, comme des grains de blé lancés à la volée par la main d’un semeur titanesque.*

*Lorsqu’on descendait des cols pour suivre la route d’Italie en direction d’Aoste, on rencontrait d’abord Entrèves, paisiblement étendue entre la Doire de Vény et celle de Ferret. Plus haut en direction du Levant on trouvait alors La Palud, minuscule hameau perché comme un nid d’aigle sur les pentes escarpées du Val Ferret. Une fois traversé la Doire Ferret venait La Saxe et, à sa suite, Larzey, lové au confluent de la Baltée et du torrent du Val Sapin. Leur faisant face, sur l’autre rive de la Baltée, Entrelevie était sise sur une longue bande de terre plane enchâssée entre la rivière et la montagne. A l’entrée du Val Sapin, petite vallée latérale encaissée où coulait le torrent qui portait son nom, dormait Villair Dessous, gardant le chemin de l’Ermitage et, plus loin en amont, Villair Dessus. Au cœur de la vallée principale, venait La Villette, plus un lieudit qu’un véritable hameau, et enfin Courmayeur, grosse bourgade campagnarde vautrée paresseusement au long de la rive gauche de la Baltée et auquel répondait La Dolonne, sur la rive droite…*

*Verdoyantes terres de Courmayeur… Rollin repensait à l’impression qu’il avait eue en apercevant la vallée dans le lointain. Il s’était demandé comment un endroit de prime abord si accueillant et prometteur pouvait en fait être le lieu où frappait une disette sans précédent. Ce ne fut qu’au second jour de son arrivée que le paysan avait compris la nature trompeuse de la vue lointaine de Courmayeur. Certes, verdure il y avait… mais celle des feuilles et des épines sur les branches des arbres à flanc de montagne, celle qui ne se mange ni par hommes ni par bêtes, celle qui fait joli dans le décor mais n’est rien de plus qu’une ressource exploitable à la saison froide… Pour le reste toute la vallée de la Baltée et les terres environnantes avaient enduré une sècheresse hors du commun qui s’était fait ressentir jusque dans les prairies reculées des alpages, forçant les bouviers, bergers et chevriers à précipiter le retour d’estive pour tenter de limiter les pertes dans leurs troupeaux. Oui, Rollin avait vu tout cela… et en cette heure, en compagnie de Hadwin et des deux soldats, il partait mesurer précisément l’étendue du désastre… Et partout l’odeur de la mort et des charognes pourrissantes, effluves méphitiques exhalant des carcasses du bétail et des cadavres des fermiers entremêlés dans un horrible spectacle de désolation.*

*Rollin avait connu l’horreur et côtoyé l’indicible, il savait les choses de la guerre, des épidémies et de la pauvreté car il avait croisé et enduré tous ces fléaux… mais pour l’heure il bénissait le ciel que leur première halte se fasse dans le bourg de Courmayeur, l’endroit de la Baronnie sans doute le plus épargné par la famine.*

La suite sur la place du village : ... Je ne crains aucun mal car tu es à mes côtés...

[hrp] La carte de la vallée : Disponible sur demande par MP [/hrp]


Dernière édition par Rollin le Mar 2 Mar - 13:59, édité 3 fois
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Rollin

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MessageSujet: Re: Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...   Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort... Icon_minitimeMar 2 Mar - 18:31

La suite de ce qui s'est dit sur la place du village: ... Je ne crains aucun mal car tu es à mes côtés...

*Forçant l'allure de l'infatigable et courageux noir rouanné, Rollin, et Hadwin cramponné à ses flancs, battirent campagne pour une chevauchée qu'ils n'oublieraient sans doute jamais. Le Liégeois guida leur palefroi d'une main de maître, prouvant une fois encore qu'il n'avait pas toujours été un paysan ni un cueilleur de fruits.*

*Passant la Baltée à gué, les deux compagnons d'infortune laissèrent le bourg pour Dolonne, puis remontèrent sur La Vilette et Larzay. Sans répit, ils forcèrent jusqu'à Villair Dessous et Villair Dessus, redescendirent auprès de la Doire Baltée à Entrelevie, puis de La Saxe. Enfin, à bout de souffle et les muscles endoloris par la chevauchée, ils joignirent Entrèves et La Palud… En une après-midi, ils avaient sillonné la vallée de Courmayeur en tous sens, haranguant le peuple, dénombrant les survivants, comptabilisant le cheptel. Se forçant à ne pas détourner le regard de leur route et, surtout, à ne pas poser les yeux sur les charognes – tant de bêtes que d'hommes – qui pourrissaient partout et alourdissaient l'air de leurs miasmes méphitiques, faute de bras pour les enterrer. Chaque hameau avait été touché, nulle Mesnie n'avait été épargnée. Et, aussi loin que la vue portait, ce même spectacle d'horreur et de pitié, partout ces regards désabusés des survivants, leurs visages creusés et leurs mains implorantes...*



*La Palud était à n'en pas douter le hameau le plus touché puisque, hélant et furetant auprès de la poignée de masures, les deux cavaliers ne purent trouvèrent là âme qui vive… Plus rien que le souffle triste du vent, les croassements lugubres des corbeaux, le vrombissement nauséeux des mouches et la puanteur de la mort. Hadwin s'était détourné, une main sur les yeux pour dissimuler les larmes que lui arrachait cette vallée de désolation, et Rollin l'avait laissé faire, respectant et douleur et pudeur.*

*S'écartant de quelques pas, le Liégeois s'était accroupi auprès des fétus couchés de ce qui avait dû être une petite parcelle de blé… Il avait ramassé au sol quelques épis, jaugé leur âge et leur force, puis roulant les grains dans ses larges paumes il avait humé les parfums exhalés: poussière sèche, pourriture aigre et une sorte d'odeur de bois calciné.*

Calciné…

*Sa voix avait résonné comme le feulement rauque d'un carnassier en chasse, faisant sursauter son compagnon Franc-Comtois.*

Allons, Mestre de la plume, viens! Je sais ce qui s'est passé ici… tout n'est pas perdu! Hardi, Compère, rentrons!


La suite en la demeure d'Yzalba et Rollin: Les larmes de la Régente.
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MessageSujet: Re: Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort...   Et lorsque je marche dans la Vallée de l'ombre de la Mort... Icon_minitime

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