La Baronnie de Courmayeur
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La Baronnie et ses petites histoires
 
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 Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.

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Rollin

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Mai - 14:00

*Poussière lourde de la paille et du foin qui rend chaque inspiration pénible, douloureuse même; chaleur accablante au-dedans de ses murs et fraicheur presque arrogante au-dehors… comme un ventre… comme un matrice…*

*Au cœur de la grange, sous la forêt silencieuse des poutres entremêlées, Rollin accompagnait la Dame de la Mesnie de Courmayeur, serviteur taiseux mais attentionné. Elle ne savait pas que toute sa vie était tournée vers cela… servir, encore et toujours, un Seigneur, une Dame, une cause perdue, qu'importe en fait… Oui, la Baronne l'ignorait... Comme elle ignorait que ses yeux laissaient voir ce qu'elle ne voulait pas dire, que ses gestes trahissaient ses pensées les plus intimes… Le Compagnon de la Régente avait un don pour deviner tout cela… un don qui s'affinait avec le temps. Et à la voir ainsi penchée sur son compagnon, déversant une sourde douleur puis crachant son amertume en hurlant, Rollin se sentit de trop… Il était intimement persuadé que sa place était-là, mais en retrait, à distance respectable… Le Liégeois fit quelques pas en arrière, tête baissée, mains serrées autour de la bandoulière de sa besace, et ses pensées allèrent à sa Mie… la belle et douce Régente… la mère de ses enfants… Et tout cela faisait comme une évidence: hors l'amour, rien ne vit, rien ne croît ni ne pousse… rien…*

*Une main tremblante, des paupières agitées libérant enfin de leur voile ses yeux fiévreux… L'homme allongé avait entendu l'appel! Il luttait comme un beau diable, comme un héros des temps anciens… Rollin ne put s'empêcher de sourire, car celui-là revenait peu à peu à la vie. Et sa gorge éraillée, encore faible mais vibrante comme une corde de grand arc… sa gorge, dis-je, laissait les mots du Roman Païs s'envoler dans les airs… montrant à grand'peine la joie et l'amitié…*

*Une larme discrètement essuyée au coin des yeux, Rollin tourna le dos quelques instants, laissant son regard sombre divaguer sur les choses au-dehors…*
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Colinet

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Mai - 16:38

Pré-Saint-Didier – Près de la grange de la Lucia – Extérieur – Au même instant.

Citation :
Tu crois vraiment qu'il est agité d'la cervelle?

Debout près du palefroi de Rollin, hissé sur la pointe des pieds, Colinet fourrageait le paquetage fixé à la selle, cherchant à tâtons le baluchon contenant les victuailles qu'ils savaient emportées. Le petit garçon suspendit ses recherches quelques instants. Jetant un regard sous l'encolure du noir-rouanné, il voyait Gustin qui, dandinant d'un pied sur l'autre, serrait fermement l'outre de vin entre ses mains graciles. Colinet ne voyait pas la tête du fils de la Lucia mais il n'avait aucune peine à imaginer les grimaces qui devaient accompagner sa question.

C'est c'que la Baronne a dit…


Citation :
Et quoi? Ca fait d'elle un médicastre?

La réponse de Gustin avait fusé. Colinet, bouche bée, ne savait que répondre. La Baronne et ses compagnons s'en revenaient de guerre… après tout ils devaient savoir de quoi il retournait. Cependant les mots du garçon de ferme agacèrent particulièrement son petit compagnon.

Citation :
J'me d'mande combien z-en on tué d'ces maudits provençaux?

Ca t'avancerait à quoi d'savoir?...

Colinet reprit sa fouille aveugle en serrant les dents.


Citation :
En tout cas il a l'air gentil ton père…

Le vaurien des Chavonnettes s'arrêta net, serrant soudain ses poings enfouis dans la panse replète des sacoches de selle. L'espace d'un instant il sentit la colère sourdre de ses entrailles, lui nouer l'estomac et lui brûler la poitrine… Il eut soudain l'envie de faire taire le garçon impertinent… Il coupa sèchement Gustin, d'un ton cassant, un étrange grincement dans la voix.

C'est pas mon père…

Gustin haussa les épaules et fronça le nez en reniflant bruyamment.


Citation :
Tu crois qu'il en a tué, lui, des gens? Moi j'crois pas… l'a pas l'air bien dangereux…

Un picotement désagréable remonta le long de la nuque de Colinet et le fit frissonner. Un mot de plus et il ferait rentrer ces paroles dans la gorge de Gustin, foi de lui! La colère montait en lui et se muait insidieusement en véritable rage. Colinet ferma les yeux et, le temps de deux battements de cœur, il vit défiler des images derrières ses paupières closes: Les iris plus noirs qu'un abîme fixés sur lui au Verney, L'ombre rassurante dans le chœur de la Basilique Sainte-Nitouche lors des assauts de mars, l'étincelle étrange dans le regard impénétrable de Rollin lorsqu'il avait donné à l'enfant le petit médaillon doré en forme d'écu, barré de deux bandes émaillées couleur de sang… et l'écho des mots que le compagnon d'Yzalba avait eu pour lui lorsque, inconsolable, il s'était effondré sur le perron du moulin dévasté par les flammes: "tout chevalier se doit de faire ses armes… L'usage veut que dès son plus jeune âge on le mette page chez un parent ou un allié, qu'on le fasse ensuite écuyer avant que de l'armer et de l'adouber… Tu n'as plus de parents, Damoiseau… mais je te fais mon page… garde ce serment dedans ton cœur… jamais je ne renie ma parole lorsque je la donne."

Colinet rouvrit les paupières et les larmes qu'il refusait de verser, faisant rougir ses yeux embués, rendaient l'azur de ses iris encore plus translucide, plus surnaturel... L'enfançon inspira profondément... et il sentit la masse froide et pesante du petit médaillon – une vervelle de harnois, avait dit Rollin – entre le lin de sa chainse et la peau nue de sa poitrine grêle… Le Chambérien ne l'avait jamais réclamé… et le petit garçon en avait fait son bien le plus précieux… à vrai dire son seul bien, avec la petite flûte de roseau qu'il avait eue pour Noël, et la petite sacoche de billes de terre qu'il traînait avec lui depuis son départ des Chavonnettes.

Ferme-la donc, nigaud! Cause pas de c'que tu connais pas!

La voix fluette de Colinet grinçait de plus en plus, mais il faisait des efforts titanesques pour se contenir…

Sur ses terres c'est un homme de renom… et il a sans doute pourfendu plus d'ennemis qu'il n'y a d'fermiers dans ton village...

Colinet inventait… Il ne savait foutre rie du passé de Rollin mais, pour sûr, il l'imaginait drôlement bien embastonné de fer et distribuant des horions à la volée.

Gustin s'était rapproché. Le ton dans la voix de Colinet l'avait intrigué… il semblait se rendre compte qu'il avait peut-être dépassé les limites… Un peu penaud, il grattait le sol du bout de sa galoche crottée.


Citation :
S'cuse… J'pouvais pas savoir… Bon, et tu l'as trouvé c'baluchon?

Colinet sentit la paix revenir… il avait tenu bon et n'avait pas cédé. Un sursaut de fierté lui fit bomber le torse.

Ouais, j'l'ai!... mais on reste ici tant qu'on nous appelle pas. Chacun sa place, mon vieux…

Le vaurien des Chavonnettes n'en revenait pas. Ces mots étaient-ils vraiment sortis de sa bouche? Lui qui ne s'était jamais soucié de rien, lui qui, venu d'une famille de rien décimée, avait erré sur les routes, dormi dans les fossés, volé et rapiné tant et plus, voilà qu'il causait désormais comme un fils de bonne famille!
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Lisyane
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeSam 29 Mai - 10:00

*Tu es trop maigre ma douce...*

Les bras lui en tombent de chaque costé du corps, elle a certainement la bouche bée et des yeux arrondis.
Machinalement, dans un réflex, elle passe ses mains sur ses hanches, bien sur qu'elle avait maigrit, elle flottait dans sa vesture.
En Arles l'homme qu'elle avait rencontré en taverne et qui venait chercher Shera, lui avait dit qu'elle n'estait pas assez gironde, mais qu'elle estait hautaine.

*Tu es trop maigre ma douce...*

Il l'a tutoie, c'est bien la première foy. Une barrière venait de tombée ou la fièvre le faisait aller a l'essentiel, sans fioriture, sans protocole, sans retenue, juste des estres qui sont si proche malgré l'éloignement des pensées et des pouvoirs.

*Tu es trop maigre ma douce...*

Il fallait qu'ils aient rompu leur promesse, pour qu'il s'essaie a la délicatesse et que devienne naturel, les qualificatifs qui unissent, sans autres formes que l'envie de l'instant.

Douce la Baronne....
Douce mais amère...

Elle se demande un instant si a trop flirter avec la folie et la mort, il est tout a fait lui, Imperturbable droit et sérieux.
Elle se demande si a trop flirter avec la folie et la mort, a trop flirter avec la fièvre, il est tout a fait lui déjà, et non pas un ersatz, revenu des mondes sombres de la douleur et des étreintes mortelles, pour déjouer la vigilance des vivants.

Martin est deja près de lui, attentionné et dévoué, chaque mouvements est lourd et douloureux, mais le provençal l'accompagne comme un fils, pour le soulager.

Et elle, elle estoufe dans cette chaleur malsaine, elle sent la maladie qui n'est pas loin, qui est là et qui rode sournoisement attentant, le moindre geste, mots, pour reprendre son droit sur l'Homme.

Il faut qu'on s'en rentre a Courmayeur, vous soignez et vous remettre sur pied....
Vos terres, vos gens doivent se languir de revoir leur maistre.


Elle estoufe et ses paroles se font âpres, sa langue pèse une tonne, sa teste fourmille a nouveau.
Elle se retourne vers Rollin, un instant leur regard s'accroche.
Que cache t'il, quel est ce douloureux secret qui le rend si peu affable sur sa vie?

Elle pose simplement sa main sur l'épaule puissante du compagnon de la régente.

Je vais voir ce que font les enfants...

La porte de la grange est comme une ouverture sur la vie, une ouverture sur la fraicheur qui lui manque, mais elle est si loin.
Elle l'a passe ca lui a paru long, et s'adosse contre le bois un instant respirant a pleine poitrine l'ai savoyard.

Colinet, Gustin...!!!
Elle les appel, les noms résonnent en echo dans la courette.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 31 Mai - 17:31

Comme les nuages d'été que l'on s'amuse enfant à comparer avec des images connues, le visage de la baronne offre un ensemble d'image reflétant sa pensée aussi vite que le vent claquant les volets.

L'homme sourit à Martin tandis que la baronne s'échappe du four de la grange. Sa main prend celle de Martin et lui demande de l'aider à se lever. Martin réagit en reculant. Cette demande simple ouvre pour lui sur un dilemme qu'il ne sait pas gérer. Entre aider l'homme noble, le toucher, le voir comme ayant physiquement besoin d'un homme de rien et le soldat demandant l'aide du soldat, confrérie de sang, soutiens mutuel, entraide volontaire.

L'homme garde son sourire en lisant sur Martin son doute, lui tend le bras et lui parle en provençale, Martin finit par céder et voilà l'homme debout, ou plutôt lourdement posé sur Martin. Après quelques pas hésitant, Celui qui parle aux morts essait d'aller vers l'entrée en disant de sa voix rocailleuse.


Haut les coeurs, allons donc gouter aux bons air de la Savoie.

C'est de bien mauvaise grâce que le Martin, cahit cahat aide l'homme à sortir de la grange. La lumière éblouie les deux hommes, qui se cache bien vite les yeux du soleil, au risque de se casser la figure, mais ils arrivent par on ne sait quel miracle à rester sur leurs jambes immobiles, à la porte de la grange, laissant le doux soleil du début d'été les inondé de sa puissance.

L'homme respire à grande bouffé, l'air pur des montagnes, les yeux toujours clos, il se laisse réchauffer par l'astre béni, goûte le plaisir de la chaleur sur sa peau. Un sourire niais s'affiche sur son visage, un sourire de contentement. Il écoute des drille des oiseaux, le son des travaux de la ferme, ouvre la bouche pour gouter l'air. La vie, enfin la vie reprend lentement la direction de son corps, son sang afflue dans ses veines, jouant un air brutal et rude, mais oh combien preuve de vie, ses poumons absorbe l'air goulument. Tout son corps est un concerto en osmose avec la nature, emplis de la joie de revoir ce qu'il pensait avoir perdu à jamais, la vie.

Puis l'homme se met à rire, d'abord c'est un son mat, sortant du fond des poumons, puis il remonte lentement pour venir exploser dans des gerbe de joie, il ouvre lentement les yeux pour admirer enfin tout ce que son corps lui a décrit et son rire continue, un rire d'une joie complète, le rire de l'homme qui revient d'entre les morts.

Une fois le fout rire fini il reprend la parole pour dire.


Douce baronne, qu'il est bon d'être en vie, mais dis-moi,, quand partons nous pour ta délicieuse demeure ?
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Rollin

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMar 1 Juin - 17:42

*Rollin avait entendu les mots - premières syllabes jaillies d'une bouche asséchée par la souffrance et brûlée par l'amertume d'un combat que, lui, compagnon de la Régente de ces terres, ne pouvait imaginer - et lentement il s'était arraché la contemplation de la cour inondée de lumière... Il avait surpris le mouvement inconscient de la Baronne et un sourire compatissant étira sa bouche aux lèvres pleines. La jeune femme semblait troublée mais Rollin ne sut, cette fois, pour quelle étrange raison. Lisyane laissa le malade aux soins de Martin. Elle avait pâli et ses yeux disaient le malaise qui l'assaillait…*

*Une main menue qui se pose sur l'arrondi solide d'une épaule… une main qui a brandi le fer et qui n'aurait pas dû… une main délicate où sommeille pourtant la force… La Dame des Sainctes-Eaux semblait soudain à l'étroit dans la grange de la Lucia...*


Citation :
Colinet, Gustin...!!!

*Au-dedans des pans de bois, dans la chaleur et la poussière, le compagnon d'armes de la Baronne se redressa... et Rollin d'apprécier les gestes emplis de déférence, le dévouement inconditionnel de celui que l'on nommait Martin, et l'hésitation naturelle qui s'impose à cet homme simple lorsque le malade lui tend la main... en frère d'arme... et qui sait, peut-être en ami... Le compagnon de la Régente battit lentement des paupières et déglutit avec difficulté: ces deux-là lui rappelaient des souvenirs d'antan, des souvenirs d'avant sa chute, des souvenirs désormais hors du temps… Des instants de grâce où il avait gagné sa devise, ses armes et son cri; des instants de joie et de douleur intense au service de sa Maison… et les heures sombres qui virent sa disgrâce...*

*Comme au sortir du tombeau, l'homme courbé, appuyé sur son fidèle compagnon, s'était avancé, irrésistiblement attiré par la lumière au-dehors et l'air vif qui faisait danser les feuilles et les branches s'agiter. Rollin laissa faire, il savait que ces choses-là prennent du temps.*

*Portant un regard circulaire dans la pénombre de la grange, il scruta et la paille et le foin, les quelques balles, les ultimes gerbes miraculeusement sauvées de la sécheresse. Il y avait là quelques sacoches, des fontes, les selles de guerre, quelques armes et trois écus aux armes mutilées, des pièces de harnois brunies et battues, et tout le bât d'une lance qui s'en revient de guerre... Dans sa tête, Rollin répartissait déjà chacune de ces choses en fonctions de ce qu'ils avaient comme montures dans l'arroi. Quelques instants, rien de plus, et il revint au-dehors, l'esprit libre, les pensées ordonnées et à bon endroit.*
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Colinet

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Juin - 12:37

Citation :
Colinet, Gustin...!!!

Juché sur le tonneau au centre de la cour, Colinet, jambes enserrées dans l'arc de ses maigres bras et ramenées contre sa poitrine, menton posé sur les genoux, releva la tête et sauta bas de son perchoir. Gustin, en pleine guerre contre un ost de moineaux qui menaient l'assaut contre le fumier tout proche, suspendit son geste, laissant le bras de dextre retomber le long de son flanc et les petits cailloux serrés dans son poing choir en pluie à ses pieds.

À l'appel de Lisyane les deux garnements s'étaient précipités et, Colinet en tête, présentèrent les victuailles et le vin avec des gestes calculés, comme si ces modestes présents eussent été Myrrhe, Or et Encens. Il y avait là, dans le linge du petit baluchon ouvert, du pain, un peu de viande séchée et du saucisson, un généreux morceau de Fontine odorante et quelques fruits.

Le vaurien des Chavonnettes, les joues rosies, leva le bleu de ses yeux vers la Baronne et la dévisagea à nouveau: si jeune et tellement lasse en cet instant, pensa-t-il... Puis son regard fut attiré par l'étrange équipage qui s'extirpait à grand-peine de la grange. L'homme malade appuyé sur Martin, comme un vieux chevalier se reposant sur le bras d'un fidèle écuyer.

Colinet tenta d'aligner quelques mots... mais sa gorge serrée avait du mal à libérer son souffle vibrant d'émotion contenue:

Yzalba… euh, la Régente... vous envoie ceci...

Colinet, l'air passablement emprunté et gauche comme tout enfant qui tente un compliment, baissa les yeux.
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Rollin

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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Juin - 15:15

*Rollin suivait de peu les compagnons de Lisyane, un air étrangement résolu accroché à ses traits, et rejoignit le petit groupe devant la grange. Un sourire un peu amusé aux lèvres, il observa Colinet et le laissa faire à sa guise... l'enfant semblait chercher la voie... plein de bonne volonté mais ignorant des choses qui se peuvent et doivent faire en pareil cas.*

*Lorsque l'enfançon ne trouva plus à dire ni à faire et qu'il baissa les yeux, le compagnon de la Régente lui vint en aide, adressant un regard plein de fierté à son petit protégé. Avec des gestes précis d'apothicaire, Rollin sortit le gobelet de terre noire qui reposait dans sa besace et y versa la Roussette de Monterminod qu'il avait spécialement amenée de Chambéry pour Lisyane. La tête inclinée, et la bouche aimable, il présenta le vin avec déférence à la Baronne. Sa voix grave vibra, comme un roulement de tonnerre dans le lointain et son écho terrible et rassurant à la fois:*

Qu'importe le flacon, Dame, pour ceux habitués à partager la coupe d'amertume… *Le compagnon de la Régente, que Lisyane venait d'appeler "Intendant", sourit avant de poursuivre:* Je crains qu'il ne faille se contenter de ce modeste gobelet en guise de hanap…

*Le Liégeois déposa le gobelet au creux des mains meurtries de Lisyane, accueillant la Maîtresse de la Mesnie avec les égards dus à son rang, puis il reporta son attention sur la collation. Il extirpa son couteau à mangeailles de sa besace de toile bise et, l'ayant dégagé du mince fourreau au cuir noirci et incisé grossièrement, il entreprit de partager la pitance... L'usage voulait que le Seigneur du lieu fût servi en premier et le plus généreusement, venait ensuite le tour de son compagnon d'armes – dont Rollin ne doutait pas qu'il fût un homme de rang -, puis celui de Martin et, enfin, chacun des enfants… l'usage… les us et coutumes de ce monde, il ne les connaissait que trop bien... L'homme savait y faire et il était-là dans son élément. Toutefois, et cela n'étonnera personne, il ne se servit point pour permettre à chacun de manger à sa faim… Ainsi en allait-il de lui depuis son plus jeune âge: Toujours Fidèle et Dévoué aux gens de sa Mesnie.*

Mangez et buvez donc liement, même si ce n'est là que bien maigre réconfort... Je m'occuperai de votre bagage pendant que Colinet et Gustin rassembleront les montures.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Juin - 14:01

Leurs regard s'accrochent encore, Colinet la maladresse de l'enfance la pureté de l'innocence, la trahison de la souffrance.
Il baisse les yeux, délicatement, en repoussant son propre mal être et se faiblesses,elle lui pose la main sur le menton et lui relève la teste, pour plonger a nouveau ses yeux noirs dans l'azur des siens.

Ne baisse pas les yeux Colinet...Tu croiras, tu protègeras, tu défendras, tu aimeras, tu ne fuiras pas, tu combattras, tu rempliras tes devoirs, tu ne mentiras pas, tu seras généreux et tu seras toujours droit en faisant le bien. Mais sans jamais baisser les yeux.
Garde cela en teste petit moineau des Chavonettes...Tu sais lorsqu'on est adoubé Chevalier, on nous donne un « nom » qui représente nostre initiation, ce qu'on est et ce qu'on tend a devenir. Je suis baronne de Courmayeur dict l'assidue, pour moy tu seras Colinet dict l'Attachant.


Elle sourit a Rollin et attrape le hanap de fortune, pour y plonger ses lèvres, N'interviens pas quand Martin doucement, assoit son Maistre que la lumière éblouie, elle patiente un instant laissant les deux hommes se recréer des liens perdus il y a bien longtemps mais qu'un rien a ravivé.
A son tour elle pose le gobelet dans les mains de Martin et d'un signe de teste lui propose d'aider l'Homme a y tremper ses lèvres a son tour.
Ses entrailles a elle sont nouées, mais elle mangera la pitance amenée et préparée par son amie Yzalba, elle sait toute l'importance tout l'amour qu'il y a dans ce geste, fidèle et dévoué...

Elle attrape quelques beaux morceaux de charcutailles, et les flanquent dans le creux de la main de Gustin et Colinet, un sourire aux lèvres et un clin d'œil complice avant qu'ils ne détalent tout deux a la suite de Rollin.

Celui qui parle aux morts a son tour mâche difficilement quelques nourritures terrestres, elle lui sourit, et dans ses yeux elle voit a nouveau l'étincelle de la vie, mais combien de temps celle ci va pouvoir combattre et résister a la folie qui l'assiège, a la honte et aux morts qui veulent prendre l'homme.

A chaque jour suffit sa peine...

Les mots sont parfois superflus, les gestes, les regards, le langage du corps en dit bien plus, rensigne tout autant pour celui qui veut bien voir l'important.

A regarder tout les compagnons, celui qui revient a la vie, son Martin dévoué, les gamins au loin qui rassemble les montures en riant, Rollin droit et fier, la baronne se dit qu'elle a attendu ce moment avec impatience et envie.

Les Hommes rêvent plus du retour que du départ, mais sans départ, il n'y a pas de retour, et pour la première foy, elle se dit que la Campagne de Provence aura au moins servie a lui faire apprécier pleinement des instants comme celui ci.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 7 Juin - 9:19

Yzalba a écrit:
Au même moment à Courmayeur

Depuis une bonne heure, Yzalba fait les cent pas devant la cheminée où Rollin a ranimé le feu avant de partir.

Lisyane est revenue... Elle a mis quelques minutes à intégrer la nouvelle, et une joie profonde a envahi son coeur à cette nouvelle...

Après le départ de Rollin et de Colinet, elle a envoyé Marinette à la maison de la Baronne pour prévenir la maisonnée du retour de la maîtresse des lieux.

Et depuis, elle essaie tant bien que mal de passer le temps et de tromper l'impatience qui la dévore... Le bébé doit sentir son agitation car il gesticulait dans son ventre comme un beau diable... Encore trois mois avant que la mère et l'enfant ne fasse vraiment connaissance... un sourire lui échappe à cette pensée...


Allez, mon trésor, calme-toi... Ton père ne va pas tarder à revenir et avec lui ta marraine...

Elle sourit en prononçant ces mots, car Lisyane ignore évidemment encore que, un soir où l'angoisse d'être sans nouvelles de Lisy rendait Yzalba particulièrement mélancolique, elle avait prononcé devant Rollin les paroles suivantes :

Si le Très Haut nous la ramène en vie, mon amour, je voudrais que Lisy soit la marraine du bébé... tu veux bien ?

Et Rollin avait répondu avec un sourire tendre et rassurant et une caresse sur la joue de la jeune femme :


Calme ton angoisse, ma Mie... Les herbes sauvages ne se laissent pas si facilement déraciner, tu devrais le savoir, toi qui connais si bien les simples... Elle reviendra, et elle sera la marraine de notre enfant, je suis d'accord, bien entendu... Encore faut-il juste qu'elle soit d'accord aussi...!

A ces derniers mots, le sourire de Rollin s'était fait malicieux et son vidsage avait pris cet air enfantin qu'elle aimait tant y voir.

Yzalba avait réalisé peu à peu son attachement à la jeune fille. Lisy était à peine plus agée que sa petite soeur, et Yza avait transféré vers elle les sentiments dont son coeur trop plein cherchait à se libérer... Au fil de ce qu'elles avaient partagé, ce lien s'était renforcé. Demander à Lisyane d'être la marraine de son premier enfant, s'était pour Yza la plus belle façon de lui faire une place dans sa famille, puisque la place dans son coeur lui était déjà attitrée...

Sourcils froncés et se mordillant la lèvre inférieure, preuve d'une grande réflexion et d'une tout aussi grande agitation, la Régente ronge son frein en marchant de long en large dans la petite pièce, son ventre rebondi lui donnant une démarche qui commence à la faire ressembler sérieusement à une cane se dandinant... elle attend la délivrance avec une hâte que chaque jour passé renforce un peu plus... Mais pour l'heure, elle attend le retour de son amie pour se convaincre que la nouvelle était vraie... la toucher, l'embrasser, après ces longs mois d'absence...
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Juin - 13:15

Conscient que le feu de ses joues devait trahir ses hésitations, Colinet se maudissait de ne pas pouvoir cacher un peu mieux ses états d'âme... lui qui était pourtant habitué au mensonge et à la dissimulation… lui qui… mais cette vie là lui paraissait déjà tellement lointaine qu'elle se diluait dans le clair-obscur des méandres de son inconscient...

La douceur de cette main pourtant meurtrie qui relevait son menton et lui faisait redresser la tête… la délicatesse du geste et la force des mots de la Baronne...

Colinet ne comprenait pas tout ce que Lisyane lui disait mais qu'à cela ne tienne... certains de ces mots il les avait déjà entendus et, dans un recoin de sa petite cervelle agitée, elles réveillaient des échos familiers...

Un regard las où les deux yeux sombres de la jeune femme brillaient comme d'une satisfaction retenue. Un regard sombre qui lui en rappelait un autre... bien que le souvenir des flammes de la guerre y soit plus intense, plus vivace…

Colinet réprima un frisson… car à chacun des mots de Lisyane, répondait une voix désormais familière, une voix chuintante et rauque, une voix qui sentait la chair pourrissante. Une voix intérieure qui ne le quittait plus depuis que Rollin l'avait arraché aux eaux meurtrières de la Leysse... une voix que seule la présence de cet homme pouvait atténuer et même réduire au silence, parfois.

L'enfançon faisait avec, il le savait… tout le monde doit affronter ses démons…


Citation :
Ne baisse pas les yeux Colinet...
Citation :
Pourquoi t'ordonne-t-elle?
Tu croiras,
Citation :
Où est ta liberté?
tu protègeras,
Citation :
Que t'importe?
tu défendras,
Citation :
Est-ce là ton choix?
tu aimeras,
Citation :
Ha! L'amour est mensonge!
tu ne fuiras pas,
Citation :
Quand bien même?
tu combattras,
Citation :
Oui, beaucoup! Et tu tueras, aussi!
tu rempliras tes devoirs,
Citation :
Mais tu feras surtout valoir tes droits!
tu ne mentiras pas,
Citation :
Il n'est que la tombe pour garder un secret!
tu seras généreux,
Citation :
Surtout si on l'est avec toi!
et tu seras toujours droit en faisant le bien.
Citation :
Est-ce là la récompense pour celui qui foule les nations? Alors, soit!

Citation :
Mais sans jamais baisser les yeux.
Citation :
Je te l'avais dit, fils, tu trouveras toujours nombre de fâcheux pour te contraindre… mais combien pour te laisser libre d'agir à ta guise?

Colinet battit des paupières, le corps vacillant, mais l'âme stoïque… il y avait quelque chose dans les yeux de la Baronne qui l'encourageait... L'azur resplendissant du regard de l'enfançon donnait à penser qu'un peu de ciel s'était attardé là au matin de sa naissance... et la lutte y allumait un brasier inextinguible... Colinet sentit sa main trembler...

La paix… La douce chaleur d'une main rassurante posée sur son épaule frêle... La main de Rollin... La voix s'était tue… seuls restaient en suspens les derniers mots de la Baronne:


Citation :
Colinet dict l'Attachant.

Le petit garçon adressa un sourire timide à Lisyane… et se rapprocha inconsciemment de la silhouette solide et élancée de l'Intendant.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Juin - 17:10

*Étranges instants de lutte intérieure, dure acceptation d'un silence qui hurle des évidences, frémissement sur la peau qui fait se dresser poils et cheveux... Rollin avait posé la main sur l'épaule de l'enfançon qu'il avait repêché un matin dans les eaux glacées de la Leysse, un matin lointain au Jardin du Verney. Sans vraiment savoir pourquoi il avait senti le doute et cet étrange flottement: instant de grâce où deux âmes se touchent au travers du mince miroir d'un regard échangé, comme lorsqu'Yzalba et lui se parlaient sans qu'il soit besoin d'user de mots de langage d'homme, un infime battement de cil, un frissonnement des lèvres, un souffle suspendu…*

*Oui, rollin avait posé sa main sur l'épaule menue et Colinet n'avait pas bougé. Lui qui détestait ce genre de marque d'attention, surtout en public, resta de marbre. Puis, avec lenteur, la vie sembla revenir et l'énergie avec elle. Cette énergie insatiable que déploient les enfants sans regarder à la dépense ni au résultat... Le vaurien des Chavonnettes lança un bref regard à Rollin avant de refermer sa main sur le morceau de viande et de fromage que Lisyane venait d'y glisser. L'Intendant esquissa un sourire silencieux… Colinet dict l'Attachant… Lisyane ne pensait si bien dire.*

*Laissant la Baronne et ses compagnons profiter de leur frugal repas, le compagnon de la Régente poussa Colinet et Gustin devant lui, les emmenant vers l'endroit où il avait aperçu les montures peu avant.*

Allons, Damoiseaux, faites donc voir ce qu'vous valez à attraper des chevaux!

*Dans la cascade argentine de leurs rires perçants lancés vers le ciel, les deux garnements s'élancèrent ventre à terre. Du front de Colinet l'ombre avait passé.*



Han!

*D'un violent coup de rein, Rollin avait arraché du sol le dernier sac du bât et l'avait chargé sur le dos du roncin.*

Voilà qui est fait… Qui penserait qu'il faille tant de chose pour porter la guerre au loin et chercher à rencontrer la mort, n'est-ce pas?

*L'Intendant adressa un sourire et un clin d'œil à Lisyane. Il n'avait pas fallu plus de quelques minutes à Rollin aidé des garçons, comme deux palefreniers improvisés, pour tout rassembler et faire diligence pour répartir le bagage entre les montures.*

J'enverrai un des gardes dans la journée pour vérifier que le voyageur qui hante les lieux à bien vidé la place... mais pour l'heure il est temps pour toi de revenir en ta demeure, Dame.

*On installa le compagnon malade de Lisyane sur le dos de son destrier et chacun enfourcha sa monture. Rollin alla saluer la Lucia qui tenait son Gustin serré tout contre son giron. Dans la main de l'enfant il déposa une petite bourse de cuir. La matrone esquissa un geste mais l'Intendant la coupa avant qu'un seul mot eut pu franchir le seuil de ses lèvres:*

Laisse donc faire, Lucia, les temps sont durs dans la vallée…

*Le compagnon de la Régente fit volte face et, à grandes enjambées, rejoignit le train de la Baronne… un bel arroi de deux destriers, deux palefrois et un roncin tout assemblés et montés comme une terrible lance noble. Tendant les couleurs de Courmayeur à Lisyane, Rollin inclina la tête dans un salut respectueux.*

Ces couleurs sont tiennes, Dame, il t'appartient de les porter au devant de tes gens… Fais-donc, montre-nous la voie qui mène chez toi!

*L'Intendant se hissa sur la selle, Colinet assis devant lui... Déjà la noir-rouanné grattait le sol et piaffait.*
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Juin - 13:20

Le convois est fin prest a s'en retourner vers la demeure de la Baronne.
La jeune fille d'un au revoir vers Gustin et la Lucia embrasse du regard la cour de la ferme.
Collé a sa mère l'enfant salut l'équipage d'un signe de main et d'un sourire triste.
Sans nul doute qu'il se vanterait a peine le convois partit aux autres enfants du coin de ces quelques heures, ou la dame des lieux, la noble rentrée de guerroy et sa mesnie estait venues changer un peut son quotidien.

Elle se gante et se met en selle, attrape les couleurs de Courmayeur donnée religieusement ou presque par Rollin, pour les porter fièrement au devant elle.
D'un mouvement de buste et d'un regard elle s'assure que tous son prest, que l'Homme un peu moins mort est assez bien installé sur son destrier.
Elle lève sa main, puis d'un pression de mollet ordonne au frison le départ.

Il est temps de rentrer et de retrouver sa régente, son amie, celle qui lui manque, et qui donne la vie.
Celle sans qui rien n'eut été possible, celle qui sans le moindre doute avait accepté ce lourd fardeau de régenter des terres moribondes et perdues si loin de la Capitale.
Il est temps d'aller la prendre dans ses bras et de peut estre enfin de vomir la guerre en pleurant sur cette épaule qui a deja connue ses pleures lorsque son Yennois est partit.
De la soulager enfin du travail qu'elle avait accomplit avec force et conviction depuis des mois sans jamais remettre en question son serment et sa promesse.
Il est temps d'aller toucher, caresser ce ventre rond, cet espoir, cette vie en devenir, cet enfançon qui bientôt amènerait joy et joliesse dans les cœurs d'Yza et de rollin, ce petit bout d'homme qui enflammerait de ses pleurs la mesnie des ses amis.

Il est temps de passer a autre chose, de penser a l'avenir, au bonheur et a la vie paisible et tranquille.

Tourner une page de sa vie et de commencer un nouveau chapitre, avant qu'une autre guerre l'attrape et l'envoie au loin.

Elle sourit a Rollin et a Colinet l'Attachant.

Il est temps d'oublier un instant les souvenirs perdus et la souffrance, il est temps de grandir simplement.

Il est temps de faire sonner les cloches de Courmayeur et de Faucigny.
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Juin - 15:39

Inspiration musicale: Comme un souffle– A Filetta – B.O. du film "Winged migration" (pour une fois pas de musique médiévale, mais la beauté du chant de l'âme pour ceux qui s'en reviennent chez eux).

*À la suite de Lisyane, tous ses compagnons poussèrent les talons dans la panse de leur monture. Ils allaient en file, quittant la cour de cette petite ferme accrochée aux flancs des montagnes. Lentement balancés au rythme chaloupé des chevaux, les cavaliers descendirent la sente qui menait au gué. Devant leurs yeux éblouis de soleil, la vallée déroulait un tapis de verdure avec en son milieu la cicatrice miroitante de la Baltée, brillante et blanche comme coulée serpentine de vif argent.*

*Au côté de la Baronne qui tenait fièrement sa bannière, Rollin laissait Colinet mener le palefroi gris-fer. L'Intendant montra à dextre les champs vert et déjà bien fournis qui tapissaient la cluse du Marais de Morgex jusqu'aux hauts d'Entrèves. Là poussaient dru le blé, l'avoine, le seigle et le froment sur de nouvelles terres émondées, soignées et travaillées avec toute la générosité d'un peuple uni dans la douleur… Et les vergers et les pacages et les pâtures où erraient quelques têtes de bétail... À bien y regarder, on pouvait y voir des veaux, des agneaux et des chevreaux auprès de leur mère. À senestre, sur les escarpes de la Dolonne, les stries parfaitement alignées de vignes restaurées par les bons soins du Maître de chais prenaient le soleil dans l'espoir de gonfler les grappes encore petites et très vertes qui se balançaient dans le vent.*

*Rollin put voir l'étonnement dans les yeux de la Dame des Sainctes-Eaux. L'étonnement mais aussi la joie et une étrange mélancolie... Était-ce une larme qu'il avait vu rouler sur la joue délicate?*

*À mesure que le petit équipage s'avançait, les Courmayeurins sortaient de chez eux et saluaient sur le pas de leur porte et lançaient des vivats… Partout dans la vallée, la nouvelle avait couru, à la force des jarrets, sur la douce aile du vent, dans le chant des oiseaux... Partout dans la vallée résonnait l'écho de la joie...*

Citation :
La Baronne est revenue! Noël! Noël!

*Rollin souriait. Il était heureux. La tâche avait été ardue mais, en fin de compte, il voyait tous les efforts de ces derniers mois récompensés... La famine avait reflué et plus aucun mort n'avait été signalé depuis leur départ en novembre... Les cultures poussaient à nouveau et on reconstituait patiemment le cheptel... À l'instar de sa Baronne de retour de guerroy, Courmayeur revenait à la vie...*
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MessageSujet: Re: Les Hommes rêvent du retour plus que du départ.   Les Hommes rêvent du retour plus que du départ. - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Juin - 16:22

Courmayeur, cuisines de la demeure de la Baronne – Intérieur – Au milieu du jour

Citation :
Hébé l'jeunot… c'est-y qu't'avais grand'soif pour téter ainsi pire qu'un veau au pi d'sa mère!? Fais donc attention, mon gars, viens pas à t'noyer dedans ta timbale, hein!

*Josette, les poings rivés sur ses hanches osseuses, adressa un clin d'œil à Marinette puis regarda le jeune vacher étancher sa soif à longues goulées passablement bruyantes. L'adolescent était rouge pivoine; la sueur pissait de son crâne ras et dégoulinait sur ses joues et le long de sa nuque, détrempant le haut de sa tunique grossièrement tissée. Il avait parcouru d'une traite les deux lieues qu'il y a de Pré-Saint-Didier à Courmayeur sans flancher ni faiblir… Il avait galopé à grandes enjambées, aussi vite que ses sabots le lui avaient permis, pour porter la nouvelle à la Régente, puis jusqu' ici en traînant Marinette à sa suite… La Baronne était revenue!*

*Toute la maisonnée était en proie à une effervescence qu'elle n'avait plus connue depuis longtemps. Toutes les forces vives avaient été mobilisées, on avait fait quérir Dame Glossina et le Sieur Cousteron, on avait rappelé Algonde et Mathilde, on avait fait chercher la Régente et son fils. Les volets furent ouverts en grand, on prépara la chambre de la Baronne et deux autres dans la Maison des Invités... La garde, enfin les quelques membres de la soldatesque que comptait la Baronnie, avait été prévenue... Tandis qu'en cuisine, la Josette donnait ses ordres et veillait à ce que la Dame des Sainctes-Eaux trouve pitance acceptable. Les réserves amenées par les convois des Bauges et de Bielle au milieu de l'automne pour porter secours et tenter d'endiguer la famine qui avait ravagé la vallée de part en part, les réserves, donc, avaient été gérées avec sagesse et précaution, tant et si bien que les celliers étaient encore garnis… du moins assez pour assurer subsistance jusqu'à l'été.*

*La matrone, dont le visage taillé à la hache reflétait une préoccupation intense, s'agitait en tous sens, houspillant ceux qui passaient à sa portée pour qu'ils accomplissent les tâches les plus urgentes. Mais Josette n'en était pas moins mère, et la vue du jeune vacher en nage et très affairé à tenter d'étancher sa soif lui arracha un petit sourire compatissant. La servante épongea le visage de l'adolescent du coin du torchon de lin accroché à sa fine ceinture. Le garçon laissa faire sans oser protester…*


Citation :
T'iras faire sécher ta tunique avant d't'en rentrer chez toi. J'voudrais point qu'ta mère me r'proche que t'aies pris froid avec c'te suée et l'temps qu'est pas encore au chaud.

*Le vacher acquiesça silencieusement. Sachant à qui il avait à faire et vu l'énervement de Josette, il jugea utile de suivre ses recommandations à la lettre. L'adolescent se leva et, ôtant sa tunique, il sortit l'étendre sur la haie du jardinet potager qui jouxtait la cuisine. La voix tonitruante de Josette lui parvint une dernière fois par la petite porte restée entrouverte:*

Citation :
Et mets-y donc ta chainse aussi, mon gars, on dirait qu't'as plongé tout vestu dedans la Baltée!...


Courmayeur, Jardinet potager de la demeure de la Baronne – Extérieur – Peu après

*Appuyé sur la petite barrière de bois du jardin, le jeune vacher tentait de trouver quelque trace du passage à l'âge adulte sur son torse nu... Rien à faire... Toujours aussi maigrelet et glabre...*

*L'adolescent soupira et porta son regard sur la vallée. Le garçon eut le souffle coupé… sur le sentier qui menait au bourg s'avançait une petite troupe de cavaliers… En tête, fière et belle, la Baronne chevauchait, le buste droit et le port altier… Et dans ses mains flottaient les couleurs de Courmayeur!*

*Le garçon détala et courut comme un fou en hurlant:*


Citation :
La voilà!... La voilà!

[…]

Sur le passage de Lisyane et de ses compagnons, les Courmayeurins s'étaient assemblés pour lui faire joyeuse entrée. Partout on criait, partout on se faisait l'accolade, on pleurait en remerciant le ciel... et devant la demeure, toute la Mesnie de la Baronne était assemblée: Régente, Écuyer, Dame de compagnie, Chambirères, gardes et serviteurs. Tous étaient venus pour saluer son retour. Les cloches de Saint-Pantaléon se mirent en branle... puis une autre sur Pré-Saint-Didier et une sur les hauts de Villair... De part en part, d'Entrèves à Morgex, les échos joyeux des mâtines de bronze réconfortèrent les âmes et réjouirent les cœurs…*


*Les cloches sonnaient à toute volée, elles chantaient le retour de leur Maîtresse... La Dame de Courmayeur!*
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